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Marie-Madeleine, dite "La Madeleine Gueffier"

Samedi 04 février 2023

par l'atelier de Pierre-Paul Rubens


Atelier de Pierre-Paul Rubens (Flamand, 1570-1640)
École Flamande du XVIIe siècle

Marie-Madeleine, dite "La Madeleine Gueffier"


Panneau de chêne, deux planches, renforcées.
Au dos, la main d'Anvers dans le bois et, à la peinture blanche, "N°13" et deux cachets de cire qui seraient ceux de Frédéric de Prusse et de la famille Amadori de Bologne.

Haut. 64.5, Larg. 48.8 cm.
(restaurations anciennes)
Cadre ancien en bois sculpté et doré.

Provenance :
- Duc de Mantoue (d'après la tradition familiale) ;
- probablement collection Etienne Gueffier (1573-1660), après 1630, Rome ;
- par descendance familiale, château de Saint-Beauzire, Haute Loire ;
- collection particulière, acquis des précédents à la fin des années 1950, Auvergne.

A portrait of Mary Magdelene by the studio of Sir Peter-Paul Rubens. Also called "Madeleine Gueffier". Oakwood panels in a carved giltwood frame.

Bibliographie :
- Marcel Röthlisberger, An "Ecce Homo" by Rubens, Burlington Magazine, décembre 1962, p. 542 (comme atelier de Rubens), non reproduit.
- Didier Bodart, "La Madeleine Gueffier de Pierre Paul Rubens", in "Essays in honor of professor Erik Larsen at the occasion of his 90th Birthday", Mexico et Pérouse, 2002, pp.13 à 20, reproduit p.17.

Dossiers joints :
- Bodart 2002 et Burlington 1962 ;
- correspondance de Léo van Puyvelde, conservateur en chef des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique et certificat du 14 janvier 1960 : "La Madeleine (...) est une oeuvre de la main de P. P. Rubens. Je date cette oeuvre du maître autour de 1613-14."

La Madeleine est un sujet fréquent dans la peinture du XVIIe siècle, prisé tant pour l'expression des passions qu'il permet que pour la dévotion. À la suite du Concile de Trente, les artistes mettent en valeur son repentir. Les mains jointes, la carnation rouge de ses joues et ses yeux levés au ciel laissent deviner les pleurs. Son diadème et ses boucles d'oreilles sont ornés de perles, à la fois symboles de pureté et de luxure, assimilées aux larmes de la sainte et annonçant sa pénitence. De même, le manteau doré bordé d'hermine rappelle le luxe de sa vie passée. Marie-Madeleine est ici représentée avec une chevelure rousse dorée, abondante et relâchée, lèvres entrouvertes et poitrine peu couverte, sensuelle. Elle prend place dans un paysage de la grotte de la Sainte-Baume où elle termina sa vie. Rappelant les
compositions de Titien sur ce sujet, proche de Rubens dans le traitement de la chair, elle pourrait être attribuée à un collaborateur proche du maître anversois tel que Juste d'Egmont (1601-1674) ou Jan van den Hoecke (1611-1651). Le premier travailla dans l'atelier de Rubens à partir de 1620 et collabora au cycle de la Vie de Marie de Médicis pour le Palais du Luxembourg, tandis que la présence du second, après son apprentissage à Anvers, est attestée à Rome entre 1637 et 1644, soit en même temps qu'Etienne Gueffier (1573-1660), émissaire à Rome auprès du Saint-Siège, qui y réside depuis 1623. D'après la tradition familiale, ce tableau aurait fait partie des collections ducales de Mantoue au début
du XVIIe siècle puis serait passé dans celle d'Etienne Gueffier. Mécène, collectionneur et amateur d'art, Gueffier resta en relation constante avec Mazarin et Colbert, leur servant probablement d'intermédiaire pour l'achat d'œuvres. Son statut de diplomate et sa résidence place d'Espagne lui permirent de côtoyer de grands noms de la Rome artistique, tels que Nicolas Poussin ou Claude Lorrain. Dans son testament, il légua une partie de sa fortune pour la construction de l'escalier monumental de la Trinitédes-Monts. La peinture est restée dans la famille Gueffier jusque dans les années 1950, moment où elle rejoint la collection actuelle, en même temps que l'esquisse d'un Ecce Homo autographe de Rubens.

Stéphane Pinta
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