RARISSIME ÉPÉE, VÉRITABLE PIÈCE D’ORFÈVRERIE PAR MARTIN GUILLAUME BIENNAIS,OFFERTE AU COMTE CHARLES DE L’ESPINE PAR JOSÉ MIGUEL DE CARVAJAL, DUC DE SAN CARLOS
Exceptionnelle épée de cour « française » à monture en or et lapis-lazuli, dite « à l’Hercule »
Pommeau en or enrichi de deux médaillons en or sur fond de lapis-lazuli représentant le profil de Pâris portant le bonnet phrygien, complété de motifs floraux et de palmes.
Bouton de rivure ciselé de feuilles d’eau.
Fusée à plaquettes de lapis-lazuli, ceinturée par deux bagues à décor de frises de laurier stylisées, renforcée sur les côtés de deux bandes en or ciselées de chutes de palmettes et d’une fleurette à six pétales, et bordées d’une suite d’étoiles. L’avers et le revers de la fusée sont ornés de motifs en or gravé, ciselé et découpé représentant « Hercule et la dépouille du Lion de Némée » enrichis de fleurs et palmettes.
Garde à une branche, à quillon courbé vers le bas en or bruni, ornée de motifs rapportés de feuillages et de fleurs en or mat. Les jonctions de la branche de garde au pommeau et au noeud de corps sont ciselées de feuilles d’acanthe.
Coquille bivalve en or rosé, ornée de six médaillons ronds en lapis-lazuli représentant :
au centre, d’un côté le portrait de Diane et de l’autre le portrait de Neptune. Les portraits sont couronnés par deux victoires ailées, reposant sur deux lions couchés gardant pour l’un une corne d’abondance et pour l’autre un caducée.
aux angles, les profils de Mars et de Minerve, se faisant face.
Le dessous de la coquille est ciselé et gravé en bordure, sur fond amati, d’une frise de feuillages, de rinceaux feuillagés et de fleurs, enrichi d’une fine gravure de feuilles de laurier.
Entrée de chape ciselée de feuilles d’eau.
Lame superbement et finement gravée, dorée et bleuie à la moitié, décorée :
sur les deux faces avant symétriques, de piédestaux portant des trophées de feuillages, couronnes de laurier et médaillons unis surmontés de hiboux.
au dos, d’un piédestal à couronne de laurier, foudres ailés et feuillages, suivi de l’inscription à l’or « Le Duc de San Carlos au Comte Charles de l’Espine »
Fourreau en bois recouvert de galuchat blanc, à trois superbes garnitures en or :
Chape ciselée de motifs guillochés, de palmettes et de fleurs sur fond amati, portant sur le côté un piton en olive avec anneau de suspente.
Dos uni bordé d’un filet amati.
Bouton de chape en écu à la tête de cheval surmonté d’une fleur.
Bracelet ciselé d’un foudre ailé, enrichi d’éclairs. Dos uni bordé en suite d’un filet amati portant sur le côté un piton en olive avec anneau de suspente.
Bouterolle à décor ciselé d’un losange au soleil rayonnant, puis de palmettes, fleurs, urnes et flèches sur fond amati.
Dard en forme de boule, en argent.
Poinçons et marques
Signature « Biennais » en lettres cursives sur le haut de la chape.
Poinçon d’orfèvre de Biennais (au singe) sur la chape et le bracelet.
Poinçon d’essai « Tête de bébé 2 » (1798-1838) sur la chape et le bracelet. Ce poinçon, non officiel, fut utilisé par les orfèvres parisiens sur leurs productions d’or de deuxième titre. On le retrouve sur l’épée d’Austerlitz et le grand collier de la Légion d’honneur du 2è type conservé au Musée de la Légion d’honneur.
Poinçon de petite garantie Paris (1809-1819) « tête au coq hurlant, à gauche », sur la chape et le bracelet.
Poinçon de petite recense Paris (1819-1838), sur le bouton de chape.
Dimensions et poids
Longueur de l’épée avec fourreau : 100 cm.
Poids brut avec fourreau : 604 g.
Poids brut sans fourreau : 468 g.
Bon état. Époque Premier Empire – Restauration (1809-1819).
Nota bene
Véritable bijou en forme d’épée, de la plus grande qualité, l’une des pièces d’exception du maître-orfèvre Martin Guillaume Biennais dont les épées en or et en argent sont de la plus grande rareté. L’épée est conservée et présentée dans son ÉCRIN en forme, en bois recouvert de maroquin rouge décoré au petit fer, à l’or de frises d’entrelacs, de palmettes enrichies de fleurs, de feuilles de laurier et de frises perlées. Gainé à l’intérieur de velours vert, il ferme par trois crochets en argent à embase fleurie.
Longueur de l’écrin : 104 cm.
Largeur de l’écrin : 12 cm.
Haut. de l’écrin : 7 cm.
Provenance
Offerte par le Duc de San Carlos au Comte Charles de l’Espine.
Conservée depuis, par succession, dans cette famille
Historique
S‘il est courant de lire que les Archives nationales conservent les archives de Biennais, cela n’est que partiellement vrai : en effet ne sont conservées que les archives des commandes de l’Empereur et celles de la Maison du Roi pour le célèbre orfèvre. Bien que les circonstances de la commande et de la remise de cette épée au Duc de San Carlos nous restent inconnues, deux hypothèses peuvent être avancées.
Le Duc de San Carlos reçoit le plus probablement cette épée en 1814. 1814 est en effet une année charnière pour le Duc et pour son roi. Elle correspond à la fin de la captivité dorée à Valençay et au retour sur le trône d’Espagne de Ferdinand VII. José Miguel de Carvajal, duc de San Carlos, est le diplomate espagnol investi dans les négociations secrètes du Traité de Valençay, par lequel Napoléon Ier propose en décembre 1813 à Ferdinand VII de lui restituer son royaume. C’est chose faite au printemps 1814.
Dès son retour, en guise de gratitude, le Roi d’Espagne Ferdinand VII crée le duc de San Carlos 864e chevalier de l’Ordre de la Toison d’or. Il remet personnellement ses insignes au premier chevalier créé après son rétablissement sur le trône ; les récipiendaires suivants sont : l’Empereur de Russie (865e chevalier),le roi de Prusse (866e chevalier), le Prince de Galles (867e chevalier) et Charles Maurice de Talleyrand-Périgord (868e chevalier). Première hypothèse. Le roi Ferdinand VII a pu accompagner la remise de la Toison d’or par le cadeau de cette splendide épée à son nouveau chevalier. Ce présent royal, prolongerait ainsi et accomplirait le symbole chevaleresque. Seconde hypothèse. Le 3 mai de la même année, San Carlos est nommé premier ministre-secrétaire d’État. Il est à ce titre et dans les faits le second personnage du royaume. Peut-être est-il récompensé à ce moment-là d’un présent « royal » étranger ? Le Roi de Prusse lui envoie en effet les Grand-Croix de l’Aigle rouge et de l’Aigle noir alors que le Roi de Naples lui fait parvenir celle de l’ordre de Saint-Janvier, afin de le remercier de son rôle lors des négociations ayant contribué à le replacer sur son trône.
Premier peintre de la chambre, Francisco de Goya, réalise en1814 deux portraits de Ferdinand VII conservés au musée du Prado. Le Duc de San Carlos est ensuite portraituré par Goya en1815. La toile conservée au Musée de Saragosse est exceptionnellement prêtée à l’automne 2015 à la National Gallery de Londres. Le Duc, représenté en pied, pose dans un uniforme noir, arborant parmi ses décorations l’ordre de la Toison d’or et laissant entrevoir une épée. La garde et la bouterolle sont dorées comme la nôtre, et on semble deviner une coquille bivalve. Le fourreau est de couleur crème, comme notre galuchat. Cependant, le style très enlevé du maître espagnol ne nous permet pas de distinguer plus précisément les autres détails de la garde. Il est fort probable que, s’il a reçu ou commandé lui-même cette épée en 1814-1815, le Duc de San Carlos pose ostensiblement avec ce joyau pour son portrait officiel.
L’envoi à l’or sur la lame est réalisé postérieurement à la création de l’épée - très probablement entre 1823, date à laquelle Charles de L’Espine hérite du titre de Comte, et 1828, année de la mort de San Carlos. Il montre que l’épée fut probablement offerte parle Duc de San Carlos à son futur gendre le Comte Charles de L’Espine, à l’occasion de son mariage avec la fille du Duc, Maria Louise Eulalia, ou de la naissance de leur enfant. Ce cadeau a été pieusement conservé dans la famille de L’Espine, où nous le redécouvrons aujourd’hui.
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PIÈCES EN RAPPORT
L’épée du Duc de San Carlos correspond au répertoire ornemental de la production de Biennais sous l’Empire. Cette production, extrêmementlimitée, est presque exclusivement destinée à l’Empereur, à sa famille et aux hauts dignitaires. Les similitudes de notreépée avec ces pièces historiques sont donc nombreuses.
Pour la garde
Au regard de l’épée dite aux coraux de l’Empereur Napoléon Ier,exposée à Fontainebleau (Figure 1), et de certains projets prévoyant des incrustations de miniatures, la garde de l’épée du Ducde San Carlos est exceptionnelle, notamment en ce qui concerne le travail du lapis-lazuli. On ne connaît qu’une autre pièce reprenant le même travail d’or et de lapis-lazuli. Dans des mains privées, elle présente des ornements proches, avec, entre autres, un profil du Roi de Naples, Murat, portant la couronne des Lombards.
Pour le dessin de la branche de garde et de la coquille, notre épées’inspire clairement d’un projet de Biennais destiné à l’Empereur Napoléon pour une épée « française » de cour. L’appellation estde Biennais lui-même, par opposition aux épées à clavier, comme les épées de service de l’Empereur. Conservé au Musée des Arts décoratifs, ce projet, que nous avons pu consulter, possède le même décor sur la branche de garde et des similitudes sur lepommeau, la fusée et la coquille, à décor de victoires ailées couronnant des cartouches ornés du « N ». Comme l’immense majorité des dessins faits pour Biennais, le décor de notre épée est probablement dessiné par Charles Percier, ou plus rarement parson élève Lebas (Figure 6).
Ministre et ambassadeur du Roi d’Espagne, qui plus est détrônéet maintenu en captivité à Valençay, San Carlos ne peut tolérer d’évocation napoléonienne. Toutes celles du projet impérial disparaissent de notre épée. Elles sont remplacées par un répertoire mythologique qui n’est toutefois pas exempt de sous-entendus ; l’Empereur portait lui aussi sur son épée d’Austerlitz le profil d’Hercule coiffé du Lion de Némée (Figure 3). On retrouve ainsi sur l’épée de San Carlos, les déesses Diane reconnaissable à son croissant de lune) et Athéna, les dieux Marset Neptune, le héros Hercule et le Prince troyen Pâris (coiffé du bonnet phrygien et qui ne peut pas être confondu avec une allégorie républicaine).
Pour la lame
On trouve sur la grande majorité des épées de Biennais, le mêmetravail en symétrie sur les deux faces avant de la lame. L’inscriptionfaite à l’or sur l’épée d’Austerlitz par Biennais pour NapoléonIer l’est au même endroit que l’inscription de notre épée.
Pour la chape
La chape de notre épée est identique à celles de trois épées enor faites par Biennais et proche d’une quatrième :- Celle de l’Empereur Napoléon Ier, dite d’Austerlitz (Musée de l’Armée).- Celle de l’Empereur Napoléon Ier, offerte au Grand-Duc Constantin de Russie (Fontainebleau). Un des trois fourreauxde cette épée possède la même chape (Figure 4).- Celle faite pour le Roi Murat (collection particulière) (Figure 2).- L’épée de l’Empereur Napoléon Ier dite « aux coraux » (Fontainebleau) possède, elle aussi, une chape très proche, à la différenceque le bouton de chape a été remplacé par un profil en corail.
Pour le bracelet
Le bracelet de notre épée est identique à celui du glaive de l’EmpereurNapoléon Ier exécuté en 1806 par Biennais, et qui est porté lors de la cérémonie du « Champ de Mai » en juin 1815 (Figure 5). Un des fourreaux de l’Empereur Napoléon Ier, offert au Grand-Duc Constantin (Fontainebleau), possède également lemême bracelet.
Pour la bouterolle
La bouterolle est très proche de celle du glaive de l’Empereur Napoléon Ier et d’un des fourreaux de l’épée offerte au Grand-Duc Constantin. Nous retrouvons une bouterolle presque identiquesur un projet de Charles Percier pour l’Empereur, conservé aux Arts décoratifs, à décor d’un soleil rayonnant dans un losange (Inventaire : 11721 AàF) et dard en argent.
BIOGRAPHIES
José Miguel de Carvajal, duc de San Carlos (Lima, 1771 – Paris, 1828)
Né au Pérou, José Miguel de Carvajal est descendant des Rois deLéon. Maréchal de camp, chambellan du prince des Asturies, directeurde l'Académie de Madrid, grand-courrier des postes desIndes, il joue un rôle non négligeable auprès de l'infant Ferdinand- plus tard Ferdinand VII - dont il est le précepteur. Vice-roide la Navarre en 1807, il est compromis dans le complot de l'Escurial qui visait à renverser le roi Charles IV et, de ce fait, exilé à Pampelune avec son épouse malade.
En mars 1808, après l'abdication de Charles IV en faveur de FerdinandVII, le nouveau Roi fait entrer San Carlos dans son conseil.Ce dernier participe alors aux délicates négociations de Bayonne (mai 1808) avec Napoléon, qui dépossède les Bourbon du trône d’Espagne au profit de Joseph Bonaparte. San Carlos suit le Roien exil à Valençay, sur les terres de Talleyrand, Prince de Bénévent. Il devient à cette époque l’amant de la Princesse de Bénévent. Napoléon, jamais avare de vexation pour le « diable boiteux », lui signifie l’inconduite de sa femme en ces termes : « Vous ne m’avezpas dit que le duc de San Carlos était l’amant de votre femme ! »Talleyrand répond, inflexible : « En effet, sire, je n’avais pas penséque ce rapport pût intéresser la gloire de votre Majesté, ni la mienne ».
Suite à cet épisode, San Carlos est éloigné à Lons-le-Saulnier,mais le cours des événements lui rend la liberté. Il est en effet retenu comme négociateur espagnol du traité de Valençay, en décembre1813. Chargé de porter le traité à Madrid, il en revient en février 1814, messager du refus des Cortès. Ferdinand VII n'en rentre pas moins à Madrid, et le duc à sa suite, en mars 1814.San Carlos est nommé Ministre d'État puis grand majordome du Palais (1814). En octobre 1815, il devient ambassadeur à Vienne,puis à Londres (1817), et enfin à Paris (1823). Ministre à Lucques après la révolution de 1820. Il revient à Paris comme ambassadeur en 1825. La mort de sa fille, la Comtesse de l’Espine(née Eulalia de Carvajal Y Queralt) en 1828 lui cause une grande tristesse. Il meurt la même année. La relation entre le Duc de San Carlos et la Princesse de Bénéventse poursuit jusqu’à la mort du Duc en 1828. On raconte qu’il serait mort le lendemain d’un dîner chez elle, à la suite d’une indigestion de langoustes. Talleyrand dira à ce sujet : « Le duc de San Carlos était l’amant de ma femme, il était homme d’honneur et lui donnait de bons conseils dont elle a besoin. Je ne sais pas maintenant dans quelles mains elle tombera. »
Comte Pierre Charles de L’Épine ou L’Espine (Bougival, 1750 – Paris, 1821).
Né à Bougival en 1750 Pierre Charles de L’Espine gagne au débutde sa carrière une fortune considérable dans la finance, qui lui permet d’acheter certaines charges administratives. Il est directeur de l’atelier monétaire d’Orléans de 1793 à 1798. Il est entre temps nommé au poste prestigieux de directeur de la Monnaie de Paris (1797), poste qu’il conserve jusqu’à sa mort. On sait qu’il est proche des réseaux financiers et artistiques (Michallon et David entre autres) de son temps. Il est écrit à son sujet : « Il avait refondu toutes les monnaies du Royaume de Louis XVI, pour les mettre au type de la République ; il fondait celles de la République, pour les mettre aux armes de l’Empire ; et il fondait les piastres, les onces d’Espagne, les ducats de Hollande, les écus et tout l’or de l’Allemagne, pour les frapper à l’effigie de l’Empereur. »
À la Restauration, de L’Espine est un proche de la famille royale.Sa position sociale évolue. Alors que sa famille possède le château d’Issy, il acquiert l’Hôtel de Belle-Isle, quai de Bourbon à Paris et est anobli en mars 1815. Il achète, probablement pour assurer l’avenir de son fils aîné, la charge de secrétaire ordinaire du Roi à la conduite des ambassadeurs. Il exerce cette charge jusqu’en juin 1821, date à laquelle son fils Charles le remplace. Il meurt le10 décembre 1821, laissant un patrimoine immense. D’après les factures de son notaire, 99 vacations sont nécessaires pour chiffrerson patrimoine, dont de nombreux tableaux, ouvrages et matériaux de fabrication de la monnaie.D’après son inventaire après décès, il était chevalier des Ordres de Saint Louis et de la Légion d’honneur, ainsi que de l’étoile polaire de Suède.
Comte Charles de l’Espine (Orléans, 1797 – Paris, 1856)
Fils aîné du précédent, Charles de l’Espine n’exerce que six mois la charge de secrétaire ordinaire du Roi à la conduite des ambassadeurs transmise par son père. Il reçoit le titre de Comte par lettres patentes du 11 janvier 1823 ; il est gentilhomme de la chambre de Charles X et chevalier de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem (Malte).Il épouse en 1827 Maria Louise Eulalia de CARVAJAL, fille du Duc de San Carlos. Celle-ci meurt, un an plus tard. Le couple avait donné naissance à un enfant, hors mariage, en 1824 : Marie-Louise Alexandrine Eulalie de L’Espine qui épouse Charles Ferdinand de Bourbon, comte de Busset.
Martin Guillaume Biennais (La Cochère, 1764 – Paris, 1843)
Maître tabletier en 1788, Martin Guillaume Biennais rachète lefonds du tabletier Anciaux. Avec la fin des corporations, Biennais diversifie ses activités en plus de la tabletterie. Ses ateliers,qui comptent jusqu’à 150 personnes, sont spécialisés dans l’ébénisterie,l’orfèvrerie, puis, plus tardivement, la production d’armes de luxe. L’affaire prospère mais un événement vient favoriser sa fortune : Biennais accepte en effet de fournir à crédit le général Bonaparte, tout juste rentré d’Égypte. Ce dernier, une fois Premier Consul puis Empereur, ne l’oubliera pas.En 1804, Biennais exécute les Regalia du sacre de Napoléon et en1805 ceux du couronnement de Milan. Il approvisionne toutes les cours européennes : Bavière, Russie, Würtemberg… Il a surtout l’exclusivité des fournitures pour la table impériale : les services à thé de Joséphine puis de Napoléon Ier, des services en argent, un service dit « vermeil ordinaire » ainsi qu’un service de dessert en vermeil. En 1806, il remporte une médaille d’or à l’exposition des Produits de l’industrie. Il produit également les armes de luxe et les ordres de chevalerie destinés à l’Empereur, à la famille impériale et aux dignitaires français et étrangers.
La Restauration, même si elle marque la fin des rapports entre Biennais et le pouvoir, n’entame pas son prestige auprès des cours étrangères ; en témoignent le service de table livré pour Nicolas Pavlovitch ou la toilette de Catherine du Wurtemberg(1818). Biennais vend son affaire à Cahier en 1821. Il reçoit la Légion d’honneur en 1831, preuve que la Monarchie de Juillet n’oubliait pas les grandes gloires de l’Empire.
Ferdinand VII (Madrid, 1784-1833)
Roi d’Espagne en 1808 et de 1814 à 1833, Ferdinand VII est le fils de Charles IV, qui abdique en sa faveur (mars 1808). Il est contraint par Napoléon Ier (entrevue de Bayonne) de restituer à son père sa couronne, qui est donnée par l'Empereur à son frère Joseph Bonaparte (mai 1808). Retenu prisonnier à Valençay jusqu'en 1813, il rentre en Espagne en mars 1814. Il abolit laConstitution de 1812, ce qui suscite plusieurs insurrections libérales, dont celle conduite par le général Riego, qui le contraint àla rétablir (1820). L'intervention de l’armée française en 1823 lui permet de mener une violente réaction absolutiste (1823-1833). Il lègue son royaume à sa fille, la future Isabelle II, provoquant la première guerre carliste.
Bibliographie
Sur Biennais et ses épées
H. Defontaine, « Biennais, Nitot et fils et les épées de Napoléon», Le Passepoil, 9e année, n°3, p. 49 à 69.
A. Dion-Tenebaum, « L’orfèvre de Napoléon Martin Guillaume Biennais », RMN, 2003.
E. Robbe et J.M. Haussadis (dir.), « Napoléon et les Invalides »,La Revue Napoléon, 2010, p. 96-97.
C. Buttin, « L’épée d’Austerlitz et les armes de Napoléon », Bulletinde la SAMA, décembre 1923, p.13 et s.
Musée des Arts Décoratifs, Paris. Différents projets d’épées et de glaives de Biennais, dessinés par Percier, sont disponibles à la consultation sur le site internet. Voir notamment les numéros d’inventaires 11721 AàF, 11723 et 11729.
Musée Grobet Labadié, Marseille. Une autre partie des projetsde Biennais, retrouvés dans ses appartements à sa mort, est conservée au Musée Grobet Labadié, malheureusement fermé pour travaux. Nous n’avons pas eu accès à ces projets.
Sources biographiques
Archives nationales, « Inventaire après décès du Comte Pierre Charles de L’Espine », minutes du notaire Charles Denis de Villiers,décembre 1821, Côte MC/ET/XXIX/870 et 871.
« Bibliographie universelle, ancienne et moderne », Tome 81,Paris, 1847, Notice « SAN CARLOS ».
« Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle », Tome 16, 1918, p. 216.
Louis François baron Le Jeune, « Souvenirs d’un officier de l’Empire », Paris, 1851.
Achille-Etna Michallon, « Michallon et la famille de L’Espine »,cat. de l’exposition au musée du Louvre, Pavillon de Flore du 10 mars au 10 juin 1994, RMN, 1994, p.81 et s.