FR
EN
Rouillac | Bozanaska portrait Georges Thomas

Olga BOZNANSKA (Cracovie, 1865 - Paris, 1940)

Portrait du marchand de tableaux

Georges Thomas, 1899.

Toile signée et datée en haut à gauche : "Olga Boznanska/99"

100 x 81,5 cm

Provenance : collection du marchand de tableaux Georges Thomas, par descendance, Touraine.

"Au début de 1898, avant son installation définitive à Paris, Olga Boznanska organise, grâce à son cousin, le graveur Daniel Mordant, une exposition personnelle chez Georges Thomas, avenue Trudaine à Paris. Elle y montre vingt-quatre oeuvres. Suite au succès de cette exposition elle se fixe à Montparnasse en automne de la même année. Georges Thomas l'introduit auprès des collectionneurs parisiens et fait de Boznanska l'une des artistes de sa galerie.

Ce portrait grandiose, peint dans la période où la peintre était particulièrement fascinée par la grande manière de Vélazquez, a été exposé sous le n° 239 au Salon de la Société nationale des beaux-arts à Paris en 1899, à la Grosse Kunstausstellung à Dresde en 1904, ainsi que sous le n° 26 à l'exposition Cent tableaux. L'exposition des "Mademoiselles" au Petit Musée Baudoin, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris en 1909. Elle a aussi exécuté un autre portrait du marchand, plus âgé. Au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1905, Boznanska a montré un Portrait de Madame Thomas.

Le tableau sera reproduit dans le catalogue de la grande rétrospective de l'artiste qui se tiendra au Musée national de Cracovie du 25 Octobre 2014 au 14 Février 2015.


Madame Ewa Bobrowska, co-auteur des catalogues.


Georges THOMAS

(Brie-Comte-Robert, 9 décembre 1842 - Saint-Mandé, 20 octobre 1915).



Il débute sa carrière comme marchand de couleurs puis décide de devenir courtier en tableaux. Surnommé « Le Père Thomas », il était une figure pittoresque du milieu impressionniste. Dès 1889 « assez bien disposé à l’égard des révolutionnaires » selon la formule d’Émile BERNARD, il aime orienter les jeunes littérateurs auprès desquels il est en crédit. Il possède successivement trois galeries : à PARIS au 43, boulevard Malesherbes, puis au 17, avenue Trudaine et enfin à SAINT MANDE au 2, rue Cart.

On cite quelques peintres figurant à son livre de « marchandises générales » : Alfredo MÜLLER, BOUDIN, DURENNE, LOUVRIER, Henri MARTIN, BOULARD, BRIANDEAU, MOREAU-NELATON, PICASSO (1901 Dans la rue, Au cabaret, Maternité), DUFY (1903 Plage- aquarelle-, Fête Montmartre, Chevaux —aquarelle -, Ruisseau), METZINGER, MARQUET, T.E. BUTLER, VAN DONGEN, BOZNANSKA, TIEN CAT, HILLAIRET.

Philippe-Charles BLACHE dans un portrait dressé en juillet 1893 pour Félix VALLOTON note : « J’ai revu Thomas. Il m’a l’air d’un homme charmant - original - spirituel - trop même - il ne faut pas tant d’esprit - de celui qui est le sien surtout - pour faire des affaires. » Le chansonnier Théodore BOTREL lui dédie, en 1888 à l’âge de 20 ans, un sonnet dont les derniers vers, très pompiers confirment le côté peu conventionnel de Georges THOMAS: « Dédaignez le sarcasme et le rire et l’injure / Sans découragement supportez tout affront / Allez ! L’indifférence est une bonne armure / Prenez la pour cuirasse et le levez haut le front. »

THOMAS incarne l’homme original qui recherche les jeunes talents pour les présenter à une clientèle plus intellectuelle que bourgeoise. Un document d’archives privées, qui évoque la boutique du 43, boulevard Malesherbes (on ne parle pas de galerie d’art -l’immeuble existe toujours et la boutique aussi, mais ne vend plus de tableaux) cite d’ailleurs Georges THOMAS lui-même : « J’ai toujours eu croyance et je le crois encore qu’il y a un art percuté, chercheur, audacieux et vrai, dépassant l’autre art, l’art officiel, l’art accepté, le toujours le même, le toujours à la mode, un art fier et impérieux, sans peur du ridicule ».

« Lorsqu’un jeune peintre vient à faire du commerce, son art souffre. Mon rôle est de trouver des jeunes gens qui peuvent peindre ; cela m’est égal qui ils sont et d’où ils viennent ; leurs tableaux seuls me concernent. Lorsqu’ils commencent à se faire connaître et que les commissions arrivent à flot et que la voix du marchand est entendue sur la terre, proclamant leur mérite, je les abandonne pour des plus jeunes et de plus inconnus. Au point de vue artistique c’est du bon sens, au point de vue commercial c’est stupide »

« J’aime les tableaux, j’aime à les tâter, j’aime à les avoir autour de moi, mais je déteste les machins comme commerçant les tâtant pour la bourgeoisie et professant une admiration pour la production que je n’admire pas. »
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :