FR
EN

Les Jours et les Nuits, 1897

Jeudi 09 février 2023

par Alfred Jarry

Alfred Jarry (Français, 1873-1917)
« Les Jours et les Nuits », [Paris], 1897
Alfred Jarry (Français, 1873-1917)
« Les Jours et les Nuits », [Paris], 1897
Alfred Jarry (Français, 1873-1917)
« Les Jours et les Nuits », [Paris], 1897

Alfred Jarry (Français, 1873-1917)

« Les Jours et les Nuits », [Paris], 1897


Manuscrit autographe, deux fois signé et daté “avril 1897”.
In-8 (202 x 156mm).

Collation : 259 pages autographes, numérotées 257, à l’encre noire.
Reliure de l’époque, probablement réalisée pour Victor Lemasle. Dos de chagrin noir, à nerfs, plats de papier marbré. (Charnières de la reliure légèrement frottées)

Provenance :
- Victor Lemasle (1876-1932, marchand d’autographes et éditeur, notamment du dernier livre d’Alfred Jarry, Albert Samain (Souvenirs), en 1907) ;
- Louis Lormel (1869-1922), marchand de tableaux.

Exposition de ce manuscrit :
- "ExpoJarrysition", Galerie Jean Loize, Paris (18 palotin au 8 gidouille 80), du 7 mai au 20 juin 1953 ;
- "Alfred Jarry 1873-1917", Graphisches Kabinett, Kunsthaus Zürich, du 14 décembre 1984 au 10 mars 1985.

Bibliographie :
- Patrick Besnier, Alfred Jarry, Paris, 2005, pp. 304 et suiv.
- Maurice Saillet, Sur la route de Narcisse, Paris, 1974 ;
- Karl Pollin, Alfred Jarry : l’expérimentation du singulier, Amsterdam, New York, 2013 ;
- Henry-Alexander Grubbs, « L'Influence d'Isidore Ducasse sur les débuts littéraires d'Alfred Jarry » in Revue d'Histoire littéraire de la France, 42e Année, No. 3 (1935), pp. 437-440.

Webographie :
manuscrits de Jarry aujourd’hui connus : http://alfredjarry.fr/amisjarry/fichiers_ea/etoile_absinthe_132_133.pdf

An 1897 autograph manuscript of Alfred Jarry’s « Les Jours et les Nuits » novel.

MANUSCRIT AUTOGRAPHE COMPLET DE L’UN DES PLUS BEAUX TEXTES D’ALFRED JARRY.
“TOUT SE TRANSPOSE INFINIMENT DANS LE RÊVE” ÉCRIT STÉPHANE MALLARMÉ, EN SEPTEMBRE 1897, À PROPOS DE CE ROMAN.
LE MANUSCRIT APPARTINT À LOUIS LORMEL, AMI DE LA PREMIÈRE HEURE D’ALFRED JARRY ET PASSEUR DE L’AVANT-GARDE


Les Jours et les nuits parurent peu de temps après Ubu roi, au Mercure de France, en pleine Affaire Dreyfus (J’accuse est publié dans L’Aurore du 13 janvier 1897). Maurice Saillet affirme que “les fervents d'Alfred Jarry ont une secrète préférence pour Les Jours et les nuits” qui a “la valeur d'une porte entrebâillée sur le mystère de son auteur” (Sur la route de Narcisse). Le rêve et la réalité alternent comme le jour et la nuit dans ce récit, le plus sérieux de Jarry parce que le plus onirique. Stéphane Mallarmé le comprit en premier :

“Mon cher Jarry, Nous avons si souvent parlé, mon ami Schwob et moi, cet été, de Les Jours et les Nuits, que j’ai négligé longtemps mon remerciement à l’auteur. Ma surprise devant cette imagerie merveilleuse et exacte fut complète : les tons sont posés, vifs et frais, puis tout se transpose infiniment dans le rêve. Une géométrie de phrases, droites ou courbes, elle toujours nette, invente une langue définitive ou littéraire stricte, qui m’a charmé” (lettre de septembre 1897).

La quarantaine de fragments aujourd’hui connus de manuscrits d’œuvres d’Alfred Jarry est répartie entre quatre institutions : la Bibliothèque nationale de France, la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, la Bibliothèque municipale de Laval et le Harry Ransom Center d’Austin, Texas. En grande majorité, ces documents sont des feuillets épars, des articles, des projets d’Alfred Jarry, longs de quelques feuillets seulement. Les manuscrits complets d’Alfred Jarry en mains privées sont très rares. On dit qu’il brûla le manuscrit d’Ubu roi devant Paul Fort après l’avoir publié dans sa revue. Seules trois pages d’une “Addition à la scène finale” d’Ubu sont conservées à la Bibliothèque municipale de Laval. Le dernier manuscrit d’Alfred Jarry, un fragment de 29 pages d’Ubu intime, proposé à la vente le 1er juin 2016 (n° 80) fut adjugé € 53.340 avec les frais.

Deux autres importants manuscrits littéraires sont cependant conservés dans des institutions publiques :
1. Gestes et opinions du Docteur Faustroll (fonds Tristan Tzara, à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, cote TZR Sup 5, 83 feuillets) préempté lors de la célèbre vente Tzara le 4 mars 1989 (Drouot, Guy Loudmer, n° 243).
2. Un manuscrit de Messaline (Bibliothèque nationale de France, cote NAF 28845, 217 pages).

Ce manuscrit de Les Jours et les nuits a été présenté et décrit dans le n° 10 des Cahiers du collège de Pataphysique, n° 405 (1953):

“Ce manuscrit a été préparé par Jarry lui-même pour l’impression ; il porte de sa main des indications précises sur les caractères à employer… D’une façon générale l’écriture est moins régulière, et disons le mot, moins appliquée que dans les autres manuscrits”.

Il ne fait aucun doute que ce manuscrit est celui remis à l’imprimeur : la page de titre est composée comme une page de livre, avec adresse d’édition en pied de page, et les pages du manuscrit ont été foliotées au crayon bleu, ce qui est souvent le cas avec Jarry. Les Cahiers du collège de Pataphysique donnent la provenance de ce manuscrit : “celui-ci appartenait à Louis Libaude, en littérature Louis Lormel, ancien directeur de L’Art littéraire.”

Louis Lormel, pseudonyme de Louis-Charles Libaude (1869-1922), joua un rôle essentiel dans la formation d’Alfred Jarry (1873-1907) et la passation de son œuvre. En juillet 1891, Alfred Jarry passe son baccalauréat à Rennes. A la rentrée, il poursuit ses études à Paris, au lycée Henry IV. Il fait successivement la connaissance de Léon-Paul Fargue puis de Louis Lormel qui fonde une revue en octobre 1892, L’Art périodique. À la fin de 1893, Jarry et Fargue s’associent à Lormel au sein du comité de rédaction de cette revue. En l’espace de quelques mois durant l’année 1894, Jarry publie treize articles dans L’Art littéraire, dont César Antechrist qui sera repris dans son premier livre, Les Minutes de sable mémorial (1894). On suppose également que Louis Lormel plaça dans les mains de Jarry les œuvres de Lautréamont, alors quasiment inconnu. Louis Lormel rejoignit plus tard la revue d'Émile Bernard, La Rénovation esthétique, avant de devenir commissaire-priseur. Il fut l’un des premiers marchands de Picasso.

Jean-Baptiste de Proyart
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :