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La chasse est ouverte

Samedi 04 octobre 2025 à 07h

Cette semaine, Jean-Eric et Françoise de Villeromain soumettent un tableau à notre expertise : l’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette œuvre.



Samedi dernier, les chasseurs ont pu rechausser leurs bottes pour la nouvelle saison qui venait d’ouvrir. Ils ont ainsi repris la traque du gibier, petit ou grand, notamment celle du faisan. Considéré comme le roi des gibiers à plume dans les forêts de Sologne ou de l’Orléanais, le faisan est réputé pour la douceur de sa chair, que l’on peut marier aux autres produits d’automne, comme les champignons ou les châtaignes.

C’est justement un faisan qui est à l’honneur dans l’œuvre de la semaine. Il s’agit d’une huile sur toile, apparemment de grand format d’après les photographies. Le tableau représente un groupe de quatre faisans en lisière de forêt : trois au sol et un en train de s’envoler. Le décor est automnal, avec les feuilles roussies des arbres et un tapis fleuri évoquant des plantes forestières comme les asters ou les jacinthes sauvages.

Une œuvre de Charles Virion peintre et sculpteur
L’œuvre est signée Ch. Virion en bas à droite. Cette signature est celle du sculpteur Charles Virion (1865-1946), également auteur de nombreux tableaux et estampes - signe d’une véritable maîtrise des arts visuels. En peinture, Virion s’est spécialisé dans les scènes animalières, représentant fréquemment des chiens, des oiseaux ou encore des cervidés. L’artiste a ici choisi de représenter un groupe de faisans, oiseau originaire d’Asie centrale et introduit en Europe au Moyen Âge. Symbole par excellence de la chasse aristocratique, on servait autrefois le faisan sur les tables des grands banquets comme marque d’opulence et de prestige. On se souvient, par exemple, du faisan vivant présenté à Philippe le Bon lors d’un banquet à Lille en 1454, événement où il fit le vœu de partir en croisade pour reconquérir Constantinople aux mains des Turcs.

Le faisan, une source d’inspiration constante pour les artistes asiatiques
Cette symbolique forte explique pourquoi le faisan est souvent représenté dans les tableaux évoquant le Jardin d’Éden, chez des artistes comme Roelant Savery, ainsi que dans de nombreuses natures mortes, de Jean-Baptiste Oudry à Claude Monet, en passant par Christophe Huet. Il est également très présent dans la sculpture animalière, avec des artistes tels que Pierre-Jules Mène, Antoine-Louis Barye, Anne-Marie Profillet ou François Pompon, qui ont contribué à transformer cet animal symbolique en véritable sujet d’art. En Asie également, le faisan revêt une dimension symbolique importante : en Chine, il est un symbole impérial d’autorité et de fonction. Il a donc été une source d’inspiration constante pour les artistes asiatiques. Certains auteurs, comme Georges Cuvier, ont même émis l’hypothèse que le faisan aurait pu inspirer l’image du phénix dans la culture chinoise.

Concernant votre tableau, il s’agit d’une œuvre plaisante et bien exécutée. Toutefois, ce genre de pièce n’est plus très recherché par les collectionneurs aujourd’hui. On peut donc en proposer une estimation comprise entre 150 et 300 euros. Une jolie somme qui pourrait bien financer un petit week-end à l’approche des vacances de la Toussaint.
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