Le retour des cigognes
Samedi 18 janvier 2025 à 07h
Cette semaine, l’une de nos fidèles lectrices soumet un petit tableau à notre expertise. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur sa valeur.
La semaine dernière, nos amis mosellans ont pu assister au retour de Maurice et Mélodie, couple de cigognes star de la ville de Sarralbe. Ces grands échassiers sont devenus célèbres depuis l’installation d’une caméra diffusant en permanence
des images de leur nid perché sur le toit de l’hôtel de ville. Leur retour, très attendu, fait depuis lors le bonheur des habitants et des internautes !
L’œuvre de cette semaine évoque elle aussi le retour des cigognes. Semblant être de petit format au vu de la pastille figurant
sur l’avant, votre tableau représente un couple de cigognes dans leur nid, l’une d’elles étant sur le point de s’envoler.
Le motif est plaqué sur un fond d’or, dont une pastille ronde en bas à droite indique le titre, à savoir 23 carats, soit une pureté
d’environ 96 %. Le dos porte une mention intéressante à propos de la technique utilisée pour sa réalisation : on peut en effet y lire les mentions « Chromolithographie d’art » et « édition à tirage limité ».
Une variante de la lithographie
Technique mécanique de reproduction des images, la chromolithographie est un procédé apparu au milieu du XIXe siècle.
Il s’agit d’une variante de la lithographie permettant la reproduction d’œuvres en couleur à l’aide de plusieurs pierres, chacune encrée avec une couleur unique. La feuille à imprimer passe entre les différentes pierres pour parvenir au
résultat final, multicolore. Les plus grands lithographes des XIXe et XXe siècles, comme Toulouse-Lautrec ou Mucha, utilisaient cette technique pour réaliser leurs célèbres affiches, laquelle leur permettait une diffusion de leurs œuvres à
grande échelle.
Quant à l’utilisation d’une feuille d’or fin de quelques microns d’épaisseur pour réaliser le fond d’un tableau, il s’agit d’un procédé classique de l’histoire de l’art. Le fond d’or figure en effet sur des représentations de sujets religieux, chez les chrétiens orthodoxes tout comme sur les mosaïques byzantines d’Istanbul ou les icônes du monde slave.
On le retrouve également dans la peinture de paysages, notamment au Japon, où il est fréquemment employé pour la réalisation de décors de paravents : il sera alors utilisé pour représenter une scène intemporelle en contraste avec
les figures se trouvant au premier plan. Mais le lien entre votre tableau et l’art asiatique ne s’arrête pas là, les artistes
chinois et japonais affectionnant eux aussi les représentations de volatiles ! Cependant, plutôt que les cigognes, ils préféreront représenter leurs cousines, les grues, qui sont un symbole de longévité.
Votre œuvre, chère lectrice, est vraisemblablement une création moderne destinée à des fins décoratives et notamment
aux touristes visitant la région Grand Est, désireux de rapporter chez eux un souvenir de leur voyage. Il convient donc
d’en donner une estimation autour de 10 euros. Une somme certes modique, mais qui vous permettra de vous offrir une
bonne flammekueche !