Objectif lune
Samedi 25 novembre 2023 à 07h
Cette semaine, Danièle, soumet à notre expertise une suspension lumineuse. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.
« Ça y est !... J’ai fait quelques pas !... Pour la première fois sans doute dans l’histoire de l’humanité, on a marché sur la lune ! ». Tel est l’enthousiasme de Tintin, le célèbre reporter belge à la houpette et la culotte de golf, quand il foule pour la première fois le sol du cinquième plus grand satellite naturel du système solaire. Notre joie est aussi grande quand nous observons la suspension de notre lectrice ! Prenant la forme d’une soucoupe volante, elle nous fait plonger la tête dans les étoiles.
C’est un peu l’idée de son créateur et plus généralement celle de la société de son époque de conception. Les années 1960-70 sont marquées par les recherches de la N.A.S.A. L’agence spatiale américaine s’efforce de rattraper le retard pris sur l’ennemi soviétique en pleine Guerre froide. Et c’est chose faite, le 21 juillet 1969. La planète entière retient son souffle, quand Neil Armstrong puis Buzz Aldrin font leurs premiers pas sur la lune à partir de 2h56. Le quotidien des Terriens est alors complètement changé. De nouvelles idées naissent dans l’art et le design en particulier.
La suspension de notre lectrice est une icône des arts décoratifs de la seconde moitié du XXe siècle. Elle s’inscrit pleinement dans le mouvement Space Age, dont son créateur, Luigi Colani est l’un des illustres membres. À l’instar de ses contemporains, le designer puise son répertoire formel, dans les expérimentations nucléaires et les motifs atomiques. Le « Léonard de Vinci du design industriel » comme l’appellent les Japonais, n’a qu’une doctrine, qu’il ne cesse d’appliquer : « Mon monde est rond ». Outre les formes nucléaires, Colani s’inspire également de celles de la nature, considérant que la ligne droite n’a pas d’existence sur notre Terre. C’est ainsi qu’il crée en 1969 le satellite de cuisine. Conçu comme un corps extérieur à la maison, il voit tous ses éléments à portée de main dans une sphère prête à s’envoler. Utopie, quand tu nous tiens !
L’ambition de ce designer est également de démocratiser le mobilier. Ainsi, il requiert l’utilisation de matériaux nouveaux, produits à bas coût. En verre fumé et plastique ABS - acronyme d’acrylonitrile butadiène styrène (atchoum !) – la suspension « UFO » éditée par la société Massive se veut être un objet du quotidien accessible et stylé.
Ce lustre est encore aujourd’hui recherché par les amateurs de design. En vente aux enchères publiques, ses prix varient entre 100 et 300 €, en fonction de son état. Le ticket d’entrée est donc moins cher que pour s’offrir les services de Space X, la société d’Elon Musk, le patron de Tesla, qui vous propose de partir plusieurs jours dans l’espace, pour la modique somme de… 50 millions de dollars !