FR
EN

Rochambeau, nous voilà !

Samedi 07 octobre 2023 à 07h

Cette semaine, Martin, de Vendôme, soumet à notre expertise un ouvrage du marquis de Rochambeau intitulé « Centenaire de l’indépendance des États-Unis d’Amérique ». L’occasion pour Philippe Rouillac de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet ouvrage.



« L’insurrection est le plus sacré des devoirs ». Ce mot de Lafayette, dont la vision romantique de la liberté l’a fait partir à 19 ans pour libérer l’Amérique de la perfide Albion, s’applique à son compagnon d’armes Rochambeau. Difficile, dans le Vendômois, d’échapper au nom de Rochambeau ! Rue, statue, quartier et bien évidemment château, le héros de la guerre d’indépendance des États-Unis est partout. Choisi par Louis XVI, comme commandant en chef des armées françaises, héro des 2 mondes, il fut le dernier maréchal de France de l’Ancien Régime. Et à juste titre, tant ses exploits sur le sol du Nouveau Monde ont ouvert une nouvelle page de l’Histoire. Célébré sur les deux rives de l’Atlantique, Rochambeau a, aux côtés de George Washington et accessoirement du marquis de Lafayette, combattu les anglais pour la liberté du peuple américain. Leur fait d’armes le plus célèbre est bien entendu la fameuse bataille de Yorktown.

Cette bataille décisive se déroule en Virginie du 28 septembre au 19 octobre 1781. Les forces anglaises, harcelées sur terre par la guérilla américaine et écrasées sur mer par la flotte de l’amiral de Grasse à la bataille de Chesapeake, perdent de plus en plus de terrain. Lord Cornwallis se replie dans la petit bourgade de Yorktown avec ses hommes. Contre l’avis initial de Washington qui voulait marcher sur New York, Rochambeau, qui commande les forces françaises enrichies de Canadiens-français, décide de mettre le siège autours des positions anglaises. Washington le rejoint bien vite avec ses hommes. Au bout de 21 jours de siège au cours desquels l’artillerie française se distingue grâce aux réformes de Gribeauval, les red coats se rendent aux forces franco-américaines. Si les États-Unis ont déclaré leur indépendance depuis le 4 juillet 1776, la victoire de Yorktown est un tournant décisif, les soldats de George III ne se remettront jamais de cette défaite.

Alors quelle postérité pour l’action de Rochambeau aux États-Unis ? Moins connu en France que Lafayette, « mercenaire » portant l’uniforme américain, il est pourtant célébré comme un héros en Amérique. Ses descendants sont régulièrement invités par le pays de l’Oncle Sam pour diverses commémorations et réceptions. Comme en 1881, à l’occasion du centenaire de la bataille de Yorktown. C’est justement l’objet de votre ouvrage, Martin. Après un résumé succinct des évènements de la guerre d’indépendance, le marquis de Rochambeau, descendant du héros invité aux célébrations, relate le voyage de la Commission française aux États-Unis. Le programme est chargé. Après un voyage à bord du transatlantique le Canada et l’arrivée à New York, les visites s’enchainent : Westpoint, les chutes du Niagara, Washington, et bien entendu Yorktown. Les réceptions sont fabuleuses et les soirées à l’Opéra nombreuses, les 340 pages de l’ouvrage ne sont pas avares de détails et d’extraits des nombreux discours qui jalonnent le séjour des Français en Amérique : mines de renseignements et rappels de pages d’Histoire.

Votre exemplaire, Martin, est une édition originale de 1886 par Honoré Champion, maison d’édition toujours présente à Paris. La couverture présente quelques taches d’humidité et des déchirures mineures, sans gravité. L’intérieur est en bon état lui aussi malgré quelques rousseurs et manques d’usage, et l’ensemble parait complet. Cependant, cet ouvrage n’est pas très rare. Malgré toutes ses qualités, sa valeur lors d’une vente aux enchères serait d’environ 40 euros. Une somme tout à fait raisonnable pour se remémorer, en ce weekend des Rendez-vous de l’Histoire, les liens forts entre deux grandes Nations, qui malgré quelques différents, ont en commun un amour infini de la liberté.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :