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Un service fort de café !

Samedi 20 mai 2023 à 07h

Cette semaine, Chantal soumet à notre expertise un service à café. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire davantage sur l’histoire et la valeur de cet ensemble.



Les amateurs de boissons chaudes l’auront tout de suite remarqué, il s’agit d’un service à café ! Il se compose d’une cafetière, d’un sucrier, d’un pot à lait et de six tasses accompagnées de six sous-tasses, dont une manque. Ce type de service en porcelaine est souvent d’une grande fragilité. Un petit choc et c’est le drame. Rappelons que la porcelaine se distingue de la faïence par sa blancheur naturelle, son imperméabilité et sa transparence ! Votre service n’est pas blanc et il brille tel de l’or. Mais s’agit-il bien de ce précieux matériaux ? Souvenez-vous chère lectrice, tout ce qui brille n’est pas d’or ! Il s’agit très probablement d’une peinture imitant ce luxueux métal. Néanmoins, il existe des pièces de porcelaines sur lesquelles une fine couche d’or a été apposé. En France, pendant très longtemps, seule la manufacture de porcelaine de Sèvres avait le privilège d’utilisé de l’or.

Votre service présente donc un fond couleur or qui est rehaussé de scènes peintes. Elles évoquent les amours champêtres. Elles sont tirées de la peinture française de la première moitié du XVIIIe siècle. Des artistes tels que François Boucher ou Antoine Watteau vont fortement inspirés les arts décoratifs du XVIIIe siècle au XIXe siècle. C’est ce que l’on nomme le goût Rocaille.

Après avoir examiné le contenant, parlons du contenu ! Comment distinguer un service à thé d’un service à café ? La théière présente habituellement une panse plus large, plus ventrue, afin de laisser les feuilles de thé se diffuser. Tandis que la cafetière, est de forme plus élancée. En France, boire du café est un art. Il est importé la première fois sur le territoire, en 1644, par un commerçant marseillais. Mais l’origine du café est bien plus ancienne. Si l’on en croit la légende, le café fut découvert au IXe siècle par un berger vivant dans un petit village au Yémen. Il aurait retrouvé un matin ses chèvres dans un curieux état. Elles étaient toutes nerveuses et surexcitées après avoir consommé un mystérieux fruit provenant d’un arbuste. Intrigué il décida d’en consommer lui-même… 900 ans plus tard c’est encore un immense succès. Sous Louis XV on en raffole ! On crée plusieurs ustensiles pour le consommer, telle que la cuiller à Moka. Mais attention, ce mot ne fait pas référence à une variété de café ou une espèce particulière. C’est simplement le nom du port yéménite où se déroulaient les exportations des sacs de grains de café, et sur le sable de la plage duquel je me souviens avoir passé une nuit dans ma jeunesse. Puis au XIXe siècle, c’est un célèbre tourangeau, Honoré de Balzac, qui en fait la promotion. Il est un véritable « addict » du café. On raconte, que pour garder le rythme de travail, il pouvait boire jusqu'à 50 tasses par jour ! Cela lui permettait de travailler jusqu'à 18h par jour… au dépend de sa santé !

Après avoir balayé les siècles, à quelle période votre service a t-il été fabriqué ? Très probablement au début du XXe siècle, à une époque où le passé devient un répertoire de formes dans lequel les artisans aiment y puiser. Votre service à café s’inspire de modèles plus prestigieux fabriqués au XVIIIe siècle. Ainsi, pour cet ensemble intéressant mais hélas incomplet et quelque peu désuet… Nous pourrions articuler un prix autour de 30 euros… Pas de quoi rendre visite aux producteurs de café du Yémen, mais suffisamment pour accompagner votre prochain café de mignardises, fruits confits, marrons glacés, et autres dragées...
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