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Médaille d'espérance

Samedi 14 mai 2016

Cette semaine, Firmin, de Droué, veut en savoir plus sur le produit de sa chine du week-end : une « médaille en creux gravée d’un aigle » en étain. Maître-Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, satisfait sa curiosité.

Observons bien cet objet : de forme ronde, il semble en effet, d’après sa couleur, être en étain. Il représente un aigle aux ailes déployées s’envolant, un drapeau dans ses serres. Le sol figure un champ de bataille parsemé de débris : canon, épée, shako, boulet, baïonnette… Au loin se détache la silhouette d’une église. La partie supérieure porte la légende « FATA ASPERA VINCES », que l’on peut traduire par « Tu vaincras la rudesse du destin », tandis qu’on lit la date « 7septembre 1831 » en partie inférieure. Cette médaille polonaise commémore la tragique prise de Varsovie par les troupes russes. Elle est une exhortation à l’Espérance. Sans aucun doute, nous sommes face à une médaille. Le fait de frapper ou de couler des médailles est une pratique ancienne. Sous l’Antiquité, la différence entre médailles et monnaies est encore ténue. En effet, le métal précieux dont elles sont faites leur octroi aux unes comme aux autres une valeur d’échange. Outil de propagande, elles célèbrent grands évènements, victoires militaires, dieux et personnages importants. Les premières médailles ayant uniquement un but commémoratif, naissent vraisemblablement en Italie au XIVe siècle. À une ou deux faces, elles sont le plus souvent faites de bronze, et parfois d’argent ou d’or. Les premières médailles françaises célèbrent l’expulsion de « l’Anglois » hors du Royaume, suite à la guerre de Cent Ans (1337-1453). Cette pratique devient indissociable du pouvoir. En faisant appel aux meilleurs artistes de leur temps, les commanditaires donnent naissance à des outils de communication, certes, mais également à de véritables œuvres d’art. Depuis le XIXe siècle, il est répandu de frapper des médailles à l’occasion d’événements historiques, culturels, sportifs ou familiaux, mais aussi en tant que création artistique.

L’objet de Firmin, d’un diamètre de 4,7 cm, est l’empreinte de l’avers de la médaille (en creux donc), non pas réalisée en étain, mais en plomb. Nous trouvons le procédé de cette technique de « reproduction » dans le « Nouveau manuel de galvanoplastie », publié en 1845. Ces « négatifs » sont réalisés par les collectionneurs qui peuvent ensuite à loisir reproduire ces médailles en plâtre, en terre cuite… Cette empreinte est peut-être ancienne, mais n’est pas la matrice originale qui permet de frapper le métal. C’est donc un multiple que toute personne maîtrisant la technique peut réaliser. Ainsi, cet objet bien que singulier, n’est pas rare, et le revers manque !
La médaille originale en bronze se négocie entre 100 et 200 €.Pour cette empreinte historique, comptez 20€. Un bien petit prix pour une confiance inébranlable en l’avenir !
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