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À faire tourner la tête

Samedi 20 février 2016

Cette semaine, Michel emmène notre commissaire-priseur Philippe Rouillac en voyage… en lui présentant un globe-terrestre !

Depuis quelques jours, le froid s’est à nouveau installé et la neige a ressorti son manteau blanc. Certains d’entre vous attendent impatiemment le retour du printemps et rêvent peut-être de s’envoler vers des latitudes plus chaudes. Mais pourquoi partir au bout du monde quand on peut en faire le tour en quelques secondes ?

Les globes-terrestres ont vu le jour au XVe siècle, à l’époque des Grandes Découvertes. Il faudra vous rendre au Musée de Nürembergen Allemagne pour admirer le plus ancien de ces objets réalisé par Martin Behaïm en 1490, deux ans avant la découverte du Nouveau Monde par un certain Christophe Colomb. L’Afrique et l’Amérique, terres jusqu’alors sauvages, sont foulées par Vasco de Gama ou Magellan. Les routes sont tracées, les villes sont nommées, les distances sont calculées : en un mot, les cartes se dessinent.Toutefois, les globes-terrestres vont encore plus loin et traduisent une vision sphérique de la terre, déjà défendue par les philosophes grecs mais longtemps rejetée par l’Eglise. Les traditions sont tenaces et vaudront à Galilée un procès en 1633 pour avoir soutenu la thèse du géocentrisme.

Au XVIIe siècle, les savants et les riches bourgeois commencent à collectionner ces globes afin de les exposer dans leurs cabinets de curiosité où ils côtoient coquillages, minéraux, poissons séchés et autres souvenirs de voyage. Au siècle suivant, ils se popularisent et prennent toutes les dimensions, du petit globe de quelques centimètres à ceux mesurant près d’un mètre, montés sur un piètement de bois et posés au sol. Rien en comparaison des globes terrestre et céleste réalisés par Coronelli pour le roi Soleil à la fin du XVIIe et qui mesuraient pas moins de quatre mètres de diamètre ! Généralement en papier ou carton mâché, en bois ou en plâtre, il est ensuite réalisé en verre et électrifié de l’intérieur pour être transformé en lampe d’ambiance au XXe siècle. Un cartouche indique le nom du cartographe, l’échelle du relevé cartographique et le nom de l’imprimeur. Au XIXe, des maisons d’édition se spécialisent dans la réalisation de globes-terrestres, comme la célèbre maison bruxelloise J. LEBEGUE & Cie. Cette enseigne ouvre une succursale à Paris, au 30 rue de Lille, en collaboration avec le géographe R. Barbot, et réalisera le globe que nous présente Michel. Cet objet date ainsi des années 1880, à l’heure du colonialisme,et laisse entrevoir des régions aux noms aujourd’hui disparus et aux frontières mouvantes. Il repose sur un piètement tripode en fonte de fer terminé en griffes de lions et appliqué de trois visages, représentant les continents : l’Afrique, l’Asie et vraisemblablement l’Amérique, terres de toutes les convoitises à cette époque. Un cupidon en métal surmonte le Pôle Nord. Cet amour se prépare-t-il à choisir d’une flèche sa prochaine destination ? S’il parait en bon état, les dimensions non précisées nous invitent à la prudence. Le globe de Michel pourrait faire le bonheur d’un collectionneur ou d’un voyageur aux environs de 200 euros. Le coût d’un aller-retour Paris-Ajaccio, mais ce globe vous emmènera à l’autre bout du monde…
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