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Un amour de porcelaine

Samedi 13 février 2016

Cette semaine, un fidèle lecteur s’interroge sur l’origine et la date de fabrication d’une statuette en porcelaine. Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, lui répond.

Une belle femme, en partie dénudée, entraîne par la main un petit enfant ailé. Potelé, il paraît avoir entre 3 et 4 ans. Son visage respire la bonhomie. En travers de son torse se devine la lanière qui retient son carquois. Qui dit carquois dit flèches, et arc. Il n’en faut pas plus pour identifier notre poupon jovial : il s’agit deCupidon ! Si les Grecs le nomment Eros, chacun s’accorde pour le nommer Amour. Il est le fruit de l’union de Vénus, déesse de l’amour et de la beauté (c’est elle qui se tient à ses côtés) et de Mars, le dieu de la guerre. Jupiter, pressentant tous les troubles que ce nourrisson pourrait causer,demande à Vénus de s’en défaire. Impossible ! Afin de soustraire son enfant au courroux du dieu des dieux, la déesse le cache dans les bois. C’est là qu’il apprend à manier l’arc… Et ses flèches, capables de faire naître l’amour dans le cœur des dieux et des hommes,font bientôt des ravages. Vous serez nombreux, chers lecteurs, a célébrer demain le souvenir du jour où l’un de ces divins projectiles vous toucha.

Depuis l’Antiquité, nombre d’artistes sont venus puiser leur inspiration à cette source, et ce dans tous les domaines. Notamment en sculpture. Pensez au Temple de l’Amour dans le parc de Versailles. Nous pouvons rapprocher la statuette de porcelaine de notre lecteur des productions de l’un des plus grands sculpteurs français du XVIIIesiècle : Etienne Falconet. Et elle n’est pas sans rappeler les statues qui, au château de Ménars, au temps de la Pompadour, ornaient les allées du parc surplombant la Loire.

La manufacture de Meissen est la première à produire des sculptures en porcelaine peinte pour décorer la table. Peu après, Sèvres lui emboîte le pas. De nombreuses personnes dénomment ces petits sujets blancs « biscuits ». Attention, le biscuit de porcelaine, inventé à Sèvres, naît au tout début des années 1750. Il n’est volontairement ni émaillé, ni décoré, ce qui lui donne l’aspect du marbre. Le succès est considérable et la renommée de Sèvres, immense. Lastatuette de notre lecteur n’est pas en biscuit car recouverte d’une glaçure transparente : genre vernis, avant mise en couleur ou à l’or et dernier passage au four. Et malheureusement elle ne fût pas réalisée dans les murs de la prestigieuse manufacture française. Le petit N couronné en bleu nous donne sa provenance : Capodimonte. Cette fabrique est fondée en 1743 près de Naples et transférée à Madrid en 1759. Si ce sujet est dans le plus pure style du XVIIIe, mais cette réalisation ne semble pas très ancien. En revanche, impossible de le dater précisément sans le voir physiquement. De plus, quelle taille fait-il ? Présente-t-il des manques, des accidents, des restaurations ? Autant de questions qui nous empêchent de l’estimer. Si elle fait plus ou moins 40 cm et si elle est en bon état, comptez 200 €. Double de taille, double prix !

Quoi qu’il en soit, voici un bon prétexte pour souhaiter une belle Saint-Valentin à tous les amoureux !
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