FR
EN

Des cartes pour une bonne année

Samedi 09 janvier 2016

Cette semaine, Christelle écrit à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, afin de connaître l’estimation de trois carnets de cartes postales.

Si, en ce tout début d’année, je vous dis « carte »,vous me répondrez, à coup sûr, « de vœux » ! Qu’en dites-vous :corvée ou plaisir ? Pour certains, l’informatique est salutaire : adieu plume et beau papier, bonjour courriel. Quoiqu’il en soit, impossible de s’y soustraire, et quelle plus belle marque d’attention que l’envoi d’une jolie carte manuscrite ? Cette tradition nous vient vraisemblablement de Chine où l’on se souhaitait une bonne année sur de larges cartes calligraphiées sur papier de riz. Leur taille étant proportionnelle à l’importance du personnage, on raconte que celles que reçoit un grand mandarin ont le format…d’un pare-brise de voiture !

Cet usage arrive tardivement en France. Les premières cartes devœux font une discrète apparition au tout début du XVIIIe siècle. À cette époque, il est impensable de ne pas se déplacer physiquement afin de présenter ses compliments. Mais lorsque la porte ne s’ouvre pas, on y laisse sa carte de visite. Beaucoup, jugent – à juste titre – cette coutume fort contraignante et cherchent à y échapper. Vous aurez deviné que les plus malins des fainéants font directement porter des cartes de visites sur lesquelles ils ont écrit un petit mot. Ce quatrain datant de la fin du règne de Louis XIV en témoigne, et atteste de la naissance de la carte de vœux :
Souvent, quoique léger, je lasse qui me porte ;
Un mot de ma façon vaut un ample discours ;
J’ai sous Louis-le-Grand commencé d’avoir cours,
Mince, long, plat, étroit, d’une étoffe peu forte.


Le fait de se souhaiter de bonnes choses pour l’année nouvelle n’était pas du goût des révolutionnaires.En décembre 1791, la coutume du Jour de l’An est… abolie ! Quiconque se rend coupable d’une visite à un proche, ou de la rédaction d’une carte de vœux sera… guillotiné ! Un député de l’Assemblée déclare au sujet de ce décret : « Citoyens, assez d’hypocrisie ! Tout le monde sait que le Jour de l’An est un jour de fausses démonstrations, de frivoles cliquetis de joues, de fatigantes et avilissantes courbettes... ». Ni le calendrier républicain, ni les fêtes instituées par ces enragés ne réussirent à prévaloir contre la tradition séculaire. Le Premier de l’An est rétabli en1797.

La carte de vœux illustrée telle que nous la connaissons, naît en Angleterre au milieu du XIXe siècle. En France, on abandonne massivement la carte de visite au profit de cette dernière, il y a une centaine d’années.

Que Christelle nous pardonne d’avoir délaissé ses cartes postales au profit de leurs cousines. Sa petite collection comprend deux carnets de cartes sur Damas, en Syrie, et un carnet traitant des monuments lié à la Grande Guerre. Ils datent des années 1920-30. Malheureusement, l’ensemble ne se négociera guère plus de 20 € en bourse spécialisée. L’occasion d’envoyer nos bons vœux de paix au peuple Syrien. Que 2016 soit l’année de la victoire !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :