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Dessin impérial

Samedi 05 décembre 2015

Cette semaine, Joël, de La Chaussée-Saint-Victor, fait parvenir à Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, la photographie d’une « lithographie de Napoléon ».

Il y a 211 ans presque jour pour jour, le 2 décembre 1805, s’engage l’une des plus célèbres batailles de l’Histoire de France, et certainement la plus glorieuse de l’Empire : Austerlitz. Des forces considérables convergent non loin d’un petit village situé au sud-est de l’actuelle République Tchèque. Face aux 75 000 Français commandés par Napoléon se présentent les 95 000 soldats coalisés du tsar Alexandre et l’empereur François II du Saint-Empire. La bataille des trois empereurs s’engage au petit matin sous un soleil radieux. Elle se solde par une victoire éclatante de l’Empire français. C’est cette victoire qui est représentée sur l’œuvre de Joël.

Bonne nouvelle, ce n’est pas une lithographie mais un dessin au fusain (très noir) rehaussé à la craie (effets blancs). Il n’est cependant pas inédit car il reproduit une grande huile sur toile (près de 10 m de long sur plus de 5 m de haut !) conservée au château de Versailles. Dévoilée au Salon de 1810, elle est unanimement considérée comme un chef-d’œuvre. C’est au peintre François Gérard que l’Empereur a donné l’honneur d’immortaliser cette bataille. Élève de David, il n’est pourtant pas un habitué des grandes compositions historiques. Il exerce son Art à travers le portrait, et ce, dans l’Europe entière. En effet, celui qui est surnommé le « peintre des rois, roi des peintres », s’impose non seulement à la Cour de Napoléon, mais tire également le portrait des Grands et des têtes couronnées des royaumes voisins.

L’infini réalisme, l’extrême finesse des visages, voilà peut-être ce qui fait le succès de cette œuvre monumentale. On y observe Napoléon, montant son cheval rebaptisé Austerlitz après la bataille. Le général Rapp galope vers lui pour lui présenter les 45 drapeaux pris à l’ennemi. Ils viendront bientôt tapisser, l’intérieur du dôme des Invalides. L’Empereur est entouré de ses maréchaux et généraux mais aussi d’un mamelouk qui lui proposa, de lui rapporter la tête du grand-duc Constantin, frère du Tsar. Napoléon lui répondit : « Veux-tu bien te taire, vilain sauvage ! ». Est également présent cet officier russe déshonoré à qui Bonaparte rétorque :« Sachez qu’il n’y a jamais de honte à être vaincu par des Français ».

Peu de symbolique est présente dans cette œuvre qui se contente de peindre la gloire d’un homme, d’une armée, d’une nation; et avec quel génie !

La composition du dessin de notre lecteur est fidèle à son modèle. Mais, vous vous en doutez, le talent de Gérard n’est pas au rendez-vous… Le traitement pictural est quelque peu naïf et parfois gauche.Cela explique pourquoi l’artiste qui a signé «M. Aristide » est aujourd’hui inconnu. Mais le travail important réalisé mérite d’être salué. En bon état, ce dessin d’un beau format (91 x 134 cm), datant du XIXe siècle, peut être estimé 200 à 300 €. Le prix de l’Histoire !
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