FR
EN

Trésor Gourmand

Samedi 17 octobre 2015

Cette semaine, Aymeric Rouillac, commissaire-priseur, répond à Philippe qui l’interroge au sujet d’une boîte.

Par ce frimât, qui ne rêve pas d’un bon chocolat ou d’un thé bien chaud au coin du feu ? Qui dit boisson chaude, dit bien évidemment petits gâteaux. Laissez-vous tenter, saisissez la boîte. L’emballage doit probablement être en carton, et l’intérieur tout de plastique compartimenté. Rien de très élégant en somme… Alors, la nostalgie vous gagnant, vous pensez probablement aux jolies boîtes à biscuits de nos grands-mères. Elles rivalisent de formes, de couleurs, d’ornements. De plus, une fois leur trésor originel dégusté, elles sont toutes disposées à en accueillir bien d’autres. Tablettes de chocolat, sachets de thé, sucre en morceaux, bonbons, gâteaux faits maison… et même visserie pour ces messieurs ! Elles n’ont pas totalement disparues. Celles des biscuiteries bretonnes sont devenues une véritable institution et certaines marques, en quête d’authenticité, continuent d’en éditer, souvent en série limité. Pour un prix modique, chacun peut jouir de ces boîtes à décor polychrome depuis la seconde moitié du XIXe siècle.

S’il va de soi que la boîte à biscuits existe depuis des siècles, celle dont nous parlons est en fer blanc. Faite de tôle d'acier d'une épaisseur inférieure à un demi millimètre, elle est recouverte d'étain sur les deux faces. Elle naît au XVIIIe siècle mais ne sera fabriquée à grande échelle qu’au siècle suivant. Hermétique et solide, elle a l’avantage, contrairement au bois, carton ou tissu, de protéger les biscuits des vermines, mais aussi de l’émiettement. Sur ce marché, la Grande-Bretagne est reine et ce jusqu’à la fin du XIXe siècle. Elle ne produit en revanche que des boîtes bien tristes car vierges de tout ornement. Tout change en 1868 lorsque le fournisseur officiel de gâteaux de la Couronne britannique à l’idée d’adapter sur métal un procédé d’impression en couleurs appelé chromolithographie. Inutile de préciser que le succès est immense et que cette invention séduit ses concurrents. De la pub ! Louis Lefèvre-Utile (le fils du créateur de la société LU), bien conscient de l’intérêt de ces boîtes colorées déclare : « Pour susciter la gourmandise, rien de tel que de séduire l’œil ». Il fera appel aux plus grands artistes de la Belle Époque, comme Mucha, pour orner ses boîtes. Ce contenant de tôle restera incontournable jusque dans les années 60, détrôné alors par… Le plastique !

La boîte de notre lectrice, de forme chantournée est ornée de la reproduction du Pasteur complaisant, titré également La Cage, peint par François Boucher vers 1737-1739. Elle est aussi repoussée de guirlandes fleuries et de têtes de bélier. Détail d’importance, elle possède même une serrure ! C’est la société Alsa qui l’édite au milieu du XXe siècle. Peut-être recelait-elle une délicieuse préparation pour gâteau ? Elle semble en bon état, mais cela ne suffit pas pour attirer les faveurs des boxoferrophiles, qui lui préfèreront les rares boîtes de la Belle Époque. Comptez environ 10 € en brocante pour ce souvenir qui ne demande qu’à renfermer de nouvelles douceurs. Pour le même prix, rendez-vous à la chocolaterie Poulain où vous trouverez une boite neuve qui n’a pas encore été vidée de ses chocolats ! Ne manquez pas non plus la fabuleuse exposition « Les belles images de Poulain » qui se tient jusqu’au 31 octobre à la Maison de la BD à Blois.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :