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Sacré sacre !

Samedi 10 octobre 2015

Cette semaine, une fidèle lectrice interroge Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, au sujet d’une reproduction de ce qui est probablement l’un des tableaux les plus célèbres au monde.

Le matin du 2 décembre 1804, un cortège colossal s’ébranle depuis le palais des Tuileries. Ce ne sont pas moins de 25 voitures, tirées par 152 chevaux, et 6 régiments de cavalerie qui tentent de se frayer un chemin à travers la foule. 25 000 spectateurs sont massés devant la cathédrale,15 000 invités de marque s’installent à l’intérieur. Parmi eux, un homme gagne sa loge : Jacques-Louis David, le peintre à qui Napoléon a confié la réalisation de l’œuvre immortalisant cette cérémonie.

David est, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, le chef de file du mouvement néoclassique. Peintre révolutionnaire, il ne l’est pas qu’à travers son Art… Député à la Convention, il vote la mort du Roi. Admirateur inconditionnel de Bonaparte, il sera le grand artiste du régime impérial. Lorsque Napoléon lui commande une œuvre figurant son Sacre, il s’agit pour l’artiste de peindre un véritable manifeste de l’Empire.

L’Empereur est représenté au centre de la composition, vêtu d’un long manteau pourpre doublé d’hermine, brandissant la couronne de Joséphine qu’il s’apprête à couronner Impératrice. Derrière lui se tient le Pape, assis, esquissant de la main un geste de bénédiction. Cette scène se déroule dans cet écrin chamarré constitué des somptueux costumes de soie, de velours, d’or et de pierreries des dignitaires. Comment ne pas penser au Sacre des Rois à Reims ? Justement, Napoléon souhaite s’inscrire dans la tradition monarchique et catholique des capétiens afin de légitimer son pouvoir. L’épée qu’il porte, la main de justice, le sceptre, l’orbe, tous ces symboles servaient également au Sacre des monarques de l’Ancien Régime. Ce tableau de propagande est avant tout politique, essentiel pour la postérité. Napoléon a suivi personnellement son exécution, rectifiant tel détail, ordonnant à David de rajouter ceci, ou de modifier cela. Et quel format ! Plus de 6 m de haut pour près de 10 de large ! Le plus grand de toute la carrière de l’artiste, et l’un des plus grands du Louvre.

L’œuvre de notre lectrice est évidemment une copie. Un petit format que l’on nomme miniature. Elle mesure en effet 9 x 12,5 cm et est peinte sur ivoire, support qui permet une grande finesse d’exécution et un rendu des détails inégalables. Il n’est fallait pas moins pour le « Sacre de l'empereur Napoléon Ier et couronnement de l'impératrice Joséphine ». Probablement exécutée sous Napoléon III, cette miniature de qualité peut se négocier autour de 80 €.

Cette rubrique n’est qu’une mise en bouche. Pour en apprendre davantage, rendez-vous demain à Blois à 16h15 au Conseil départemental, salle Lavoisier où sera donnée une conférence sur ce tableau et les symboles de l’Empire, dans le cadre des « Rendez-vous de l’Histoire ».
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