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Jouet phare des années 60

Samedi 01 août 2015

Cette semaine, Annie, de Sambin, écrit à Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, afin de connaître la valeur d’un phare en bois « datant des années 50 » qui flaire bon les vacances à la mer !

S’il a un édifice singulier qui, dans l’esprit de tous, joue les ambassadeurs du littoral c’est bien le phare ! Son rôle est simple : signaler l’entrée d’un port ou prévenir les navires d’un danger (un écueil par exemple) afin qu’ils l’évitent. La France est peut-être le pays le plus célèbre au monde pour le nombre et la diversité architecturale remarquable des phares qui parsèment sa côte. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

Ce type d’édifice naît probablement en Méditerranée, sousl’Antiquité. À cette époque il s’agit de grands feux de bois que l’on allume la nuit, soit sur un promontoire naturel, soit sur une tourelle prévue à cet effet. Le plus célèbre du monde Antique, qui est loin d’être une simple tourelle, est construit au IIIe siècle av. J.C. sur une île égyptienne. Cette dernière donnera d’ailleurs son nom aux édifices que nous connaissons aujourd’hui : l’île de Pharos. Ce bâtiment, disparu, est une des sept merveilles du Monde : le phare d’Alexandrie. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir la technique d’éclairage évoluer. En effet, en 1770, les 15 phares qui jalonnent les côtes françaises fonctionnent toujours au bois ! Certains d’entre eux consomment plus d’une demi-tonne de bois par nuit, et le foyer n’est pas au rez-de-chaussée ! Imaginez donc le coût et la pénibilité d’un tel système. De ce fait, les phares ne brillent pas toutes les nuits. Ils sont en général mis en route à l’approche d’un navire. On imagine donc la joie qu’ont dû éprouver les gardiens lorsque l’huile remplace peu à peu le bois dans les années 1770. Les lampes à huiles sont équipées de miroirs réflecteurs pour améliorer leur puissance, mais sans grand succès. Dans les années 1820, une invention du physicien français Augustin Fresnel va tout changer : la lentille à échelons. Elle crée un rayon lumineux très puissant que les marins soulagés verront bientôt briller en haut de tous les phares de France… et du Monde ! Bien moins onéreux, et très efficace, ce système pousse le gouvernement à construire de nombreux nouveaux phares. Entre 1816 et 1831, le nombre de naufrages annuels passe de 161 à39 ! Le système d’alimentation de la lampe suivra les évolutions technologiques : gaz, électricité et même énergie solaire. Aujourd’hui le littoral français est parsemé de 150 grands phares, presque tous automatisés.

Celui de notre lectrice n’est pas armé contre vents et marées puisqu’il est en bois, à l’exception des encadrements des fenêtres et de la porte qui sont en métal. Il repose sur une base rectangulaire sommée de créneaux qui supporte le corps circulaire de la tour dont le sommet crénelé est muni de consoles en mâchicoulis. Inspiration très médiévale pour ce phare que l’on prendrait volontiers pour un donjon s’il n’était muni à son sommet d’un cône rouge figurant la lanterne. Mesurant 48 cm de haut, il est constitué d’une multitude de pièces de bois qui s’assemblent entre elles pour former une espèce de puzzle en 3 dimensions. Ce phare ne semble pas être "une production bords de mer", encore moins familiale, par un grand-père bricoleur... Le célèbre magasin parisien le Nain Bleu présentait des phares comparables à celui-ci dans les années 60. Le nôtre comporte-t-il une étiquette ou plaque de métal quant à sa provenance, ou lieu de production ? Sa valorisation serait alors certaine ! Sans cela, le seul hic concernant sa valeur est que les collectionneurs les recherchent complets, et dans leur boîte d’origine. Ici, il manque des pièces, la boîte a disparu et l’ensemble, probablement collé, n’est plus démontable. Comptez de ce fait une trentaine d’euros en brocante pour ce beau jouet ancien. Il permettra à cette rubrique, qui prend le large pour le mois d’août, de revenir à bon port en septembre. En attendant : bon vent !
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