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Les 60 vues d'Edo par Hiroshige

Dimanche 16 juin 2019 à 14h

Un luxueux album de soixante-neuf estampes représentant les provinces du Japon par Hiroshige entre 1853 et 1856

Utagawa HIROSHIGE (Edo, 1797-1858)

« Les vues célèbres des soixante et quelques provinces » Rokujuyoshu meisho zue

Album de soixante-neuf estampes précédées d’un sommaire, format Obantate-e, de type orihon relié à la japonaise composé de trente-six feuillets doubles.

Signé Hiroshige ga, cachet d’éditeur Koshimuraya Heisuke (Koshihei), cachets de graveurs notamment celui de Yokokawa Takejirô (Hori Take ), cachets de censure Kinugasa, Murata, Aratame et cachets zodiacaux de l’année du boeuf (7 juillet 1853) à l’année du dragon (5 mai 1856).

Édité entre 1853-1856.

Format Oban tate-e
Haut. 36, Larg. 26,5 cm.

Bon état général des estampes, couleurs fraiches, reliure fatiguée. Il manque la dernière page qui présentait comme la première un sommaire.

Rapport de condition détaillé sur demande.

Provenance :
Ancienne collection du général Gustave-Victor Laveuve (1830-1904), capitaine d’état-major et aide-de-camp du général Jamin lors de la deuxième guerre de l’opium en 1860 en Chine, où il a collecté cet album.

Oeuvres en rapport :
• un album de la même série vendu à Paris, Piasa, 16 décembre 2016, n°275 ;
• un album de la même série vendu à Cannes, Me Pichon & Noudel-Deniau, 14 juin 2017, n°28.

A luxurious album of sixty-nine prints representing the provinces of Japan by Hiroshige between 1853 and 1856

” La redécouverte des paysage nationaux par Hiroshige à la fin de l’ère Edo ”,
par Véronique Prévot, assistée de Clémence Mahiu

Comme l’indique le titre de l’album, les soixante-neuf estampes représentent les vues célèbres des provinces japonaises. Cet engouement pour les paysages s’explique par le contexte historique. Rappelons que les dirigeants du shogunat Tokugawa (1603-1867) avaient engendré de nombreuses restrictions, et notamment celle de priver les japonais de leur liberté de déplacement pendant une longue période. Ils la retrouvent peu à peu au XIXe siècle, quand le pouvoir des shoguns décline. Quelle joie alors pour les habitants de pouvoir aller d’une ville à l’autre pour le plaisir et de découvrir les paysages de leur pays en toutes saisons. Hiroshige témoigne de cette période euphorique de redécouverte de la nature et des sites nippons, laissant percevoir, dans cette série, sa sensibilité à la lumière, aux saisons et au climat. N’oublions pas de souligner la spontanéité de vie omniprésente avec tous ces personnages affairés, enjoués, étonnés, évoluant au sein des estampes. Hiroshige donne au paysage une place prépondérante tout en le percevant dans une dimension profondément humaine.

La série des « Vues célèbres des soixante et quelques provinces » est considérée comme l’une des plus belles oeuvres de l’artiste. Publiée par la maison d’édition Koshihei à Edo, il s’agit de la première série conçue par Hiroshige dans le grand format vertical Oban. Cette composition verticale du paysage représente donc une nouveauté considérable et marque un tournant dans l’évolution du style paysager de l’artiste. En outre, participant de cette modernité, Hiroshige s’illustre à travers l’emploi intensif du « bokashi », technique permettant d’obtenir de subtils effets de dégradés offrant une véritable profondeur à ses compositions. L’artiste utilise alors davantage de pigments contrastés lui permettant ainsi d’obtenir des compositions vives et chatoyantes.

Le texte au dos des estampes

Les pages de cet album comportent un texte au dos qui n’est pas en lien avec Hiroshige.
Le titre de cet écrit est : « Méthode curieuse* du remède contre l’épidémie », *par curieuse on entend certainement superstitieuse, en lien avec les croyances bouddhistes.
Et sur une autre page : « Vraie copie de la tête ogre du crabe qui chasse l’épidémie » dont l’illustrateur est Mori Michitsuka actif dans les années 1850.

L’épidémie en question est la deuxième vague de choléra dont le Japon a été victime en 1853. Cet écrit serait donc un texte de santé publique. Trop d’exemplaires ont été imprimés et l’éditeur a réutilisé le papier.

Voici quelques unes des recommandations indiquées sur ces feuillets:
- L’épée représentée sur l’une des pages doit être placée à côté de l’oreiller pour chasser le mauvais oeil.
- Des points rouges sont indiqués sur le personnage figuré en bas de page , il s’agit des points d’acupuncture à presser pour cette pathologie.
- Il est également recommandé d’enfoncer une ailguille au sommet du crâne pour libérer le mauvais sang.

Une traduction du japonais ancien en japonais moderne a été réalisée par Madame Yukari Yamamoto de la Bibliothèque du Collège de France. Ce document est à votre disposition sur demande.
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