Lot 372

NAPOLÉON BONAPARTE ET GERMAINE DE STAËL

« Examen d’un ouvrage de madame de Staël : influence sur la religion », manuscrit anonyme 26 pp. in-8, 1ère moitié du 19e siècle ; copie d’un texte dont le narrateur est Napoléon Bonaparte, Premier consul, exprimant sa réflexion et sa critique envers l’ouvrage d’Anne-Louise-Germaine de Staël « De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales » publié en 1800.
« Madame de Staal a fait un ouvrage dans lequel elle se propose d’examiner quelle est l’influence de la religion, des mœurs et des lois sur la littérature, et quelle est l’influence de la littérature sur la religion, les mœurs et les lois. Je n’ai lu que l’introduction de cet ouvrage ; j’ignore si je lirai le reste ; mais la lecture de l’introduction suffi pour me rendre malheureux (…) Si j’avais calmé toutes les craintes par le 18 Brumaire, je voudrais essayer de calmer toutes les têtes, et si je réussissais, je croirais être plus qu’un héros. Il suffirait d’engager l’institut à donner pour sujets de prix la définition de tous les mots incompréhensibles, avec lesquels les hommes se disputent et s’égarent, à commencer par philosophie et finir par perfectibilité. Comme l’institut doit jouir d’une entière indépendance, je lui laisserais décerner le prix suivant ses lumières, mais moi, premier consul, je ferais imprimer toutes les définitions, et présentant aux Français cette nouvelle encyclopédie de contradictions… »
Ce curieux texte illustre bien la querelle de pensées qui existait entre Bonaparte et la fille de Necker. En 1803, Germaine de Staël est obligée de prendre la route de l’exil sur ordre du Premier Consul et ce jusqu’en 1812.

Adjugé : 80 €