Autographes - Documents historiques
Lot 25
Sophie de CASTELLANE (1818-1904), marquise de Contades, puis comtesse de Beaulaincourt, fille du maréchal de Castellane.
Bel ensemble de + de 1330 L.A.S., L.A. ou P.A.S., 1879 à 1892, adressées en majorité à sa sur Pauline de CASTELLANE duchesse de Talleyrand-Périgord, et une dizaine à son fils " adultérin " Alain de MERIONNEC. Importante correspondance écrite de Paris et des lieux de villégiature (Nice, Londres, Bagnières de Luchon, Biarritz, La Bourboule, Madrid, Lisbonne, Berlin, etc) dans laquelle elle relate abondamment les " cancans " mondains parisiens et ceux du ghota européen, et commente avec passion les affaires politiques de l'époque, dont lors du décès et des obsèques du prince impérial en 1879 à Londres auxquels elle a participé, des périodes d'élections en France : " 23 janvier 1883 (
) La République ne tient qu'à un fil. Mais le fil est maintenu et le sera longtemps par la division des conservateurs. Les Bonapartistes très réchauffés considèrent la dernière affaire comme bonne. Le Prince Napoléon est le seul qui ait osé quelque chose ce qui est singulier ! Les Orléanistes sont mécontents de la timide action de leurs princes. Le fait est qu'ils n'ont envie de rien risquer. En outre ils sont au moins aussi révolutionnaires que le Prince Napoléon et plus plats envers la canaille. Quant au comte de Chambord n'ayant pas eu le courage d'agir en 48, ni après la dernière révolution, il n'est pas probable qu'il s'y mette. M. de Charette qui se croit si fort ne pourrait soulever un régiment. En outre on est loin de s'entendre dans le parti royaliste. En outre le peuple n'aime pas les d'Orléans, il le trouve intéressés. M. le comte de Paris me paraît d'une nullité avérée
" ; " 14 mars 1883 Ma chère Pauline, je crois que l'agence Havas a présenté les choses plus agréablement qu'elles ne se sont passées. Il n'y a pas à se dissimuler la gravité de la situation et le grand fait dernièrement. Je te félicite d'être à l'étranger. Les conversations sont ici de l'espèce la plus pénible. Les donneurs de mauvaises nouvelles, les faiseurs d'effets, les sonneurs de tocsin s'évertuent et hélas ils sont d'autant plus à supporter qu'ils disent la vérité. Ce qui rend la situation douloureusement pénible. C'est que les anarchistes ont à exploiter les maux véritables. La misère est grande pour beaucoup (
) En outre la frayeur d'en mêlant, les étrangers s'en vont ou ne viennent pas. On envoie ses collections ou ses diamants à l'étranger. Les magasins sont vides. Le commerce grand et petit traverse une grosse crise. On ne commande rien. (
) l'autre jour on ne croyait de sérieux la manifestation des Invalides. Pendant ce temps l'Elysée a failli être enlevé. Il s'est trouvé heureusement un chef de police qui a fait mettre en travers des omnibus sur la voie ce qui a donné le temps à du renfort d'arriver. Les gens de police disent que si un coup de feu était tiré, les conséquences seraient plus que graves
" ; " 26 janvier 1885 (
) Les élections sont déplorables. Pendant que l'on se dispute entre les conservateurs, une puante marée va toujours montant et nous asphyxiera un de ces jours et le gouvernement actuel sera soufflé pour un plus radical. Parmi beaucoup de ces députés marqués seulement républicains sur les listes, il y a des radicaux et des socialistes. Le sénateur de Paris Martin est de la pire espèce
" ; etc.
Grande amie de Mérimée et de l'impératrice Eugénie, Sophie de Castellane tenait un salon littéraire et diplomatique réputé à Paris. Femme d'esprit, Proust s'en inspira pour créer Madame de Villeparisis dans son roman " A la recherche du temps perdu ".
Adjugé : 2 100 €