Lot 188

PROJET DE SCEAU pour le MARÉCHAL GROUCHY de forme ovale. Galvanoplastie en cuivre fixée dans une gangue de plomb. Le revers porte une ancienne inscription manuscrite à l'encre : " Cte de Grouchy ". Écu aux armes du maréchal Émmanuel de Grouchy (1766-1847) : d'or, fretté d'azur ; à l'écusson d'argent chargé de trois trèfles de sinople ; au chef brochant des ducs d'Empire qui est de gueules, semé d'étoiles d'argent. Manteau frangé, doublé d'hermine et timbré d'une couronne comtale.
Ces armes présentent les bijoux de quatre ordres. Soit, de gauche à droite :
- Ordre de la Couronne de Fer (Grouchy Commandeur).
- Ordre de la Légion d'Honneur (Grouchy Grand-Croix).
- Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis (Grouchy Commandeur en 1814).
- Ordre de Malte, croix de chevalier de Grâce et de Dévotion (auquel Grouchy ne semble pourtant pas avoir appartenu)
Première moitié du XIXe, vraissembablement après 1830.
Haut. 2,8, Larg. 2,3 cm.

Observations :
Il est tout d'abord curieux d'observer le chef brochant des ducs d'Empire (ou princes d'Italie) sur les armes de Grouchy. En effet, ce dernier fût comte militaire d'Empire. Voilà qui explique peut-être la présence d'une couronne comtale. Et quand bien même, le système héraldique napoléonien matérialise ce titre en ajoutant aux armes un franc-quartier d'azur, chargé d'une épée haute d'argent, garnie d'or. Il prévoit en outre de timbrer les armoiries des comtes militaire d'une "toque de velours noir, retroussée de contre-hermine, avec porte-aigrette or et argent, surmonté de cinq plumes d'argent ". Pour poursuivre au sujet des ornements extérieurs de l'écu, il est étonnant de rencontrer un tel manteau - qui selon toute vraissemblance, est un manteau de Pair de France de la Restauration - associé au chef des ducs d'Empire. Dans ce dernier cas, le manteau traditionnellement associé est doublé de vair.
Au sujet des bijoux. Deux d'entre eux nous indiquent avec certitude que cette matrice n'est pas née sous l'Empire.
- Le bijou de la Couronne de Fer est celui du second modèle, dit " autrichien ", orné d'une aigle bicéphale. En 1816, l'empereur François Ier d'Autriche le dote d'un ruban jaune flanqué de liserés bleus. C'est le cas sur cette matrice.
- La Croix de Saint-Louis nous permet d'éliminer l'hypothèse d'une fabrication de cette matrice sous l'Empire, puisque que Louis XVIII rétabli cet ordre en 1814. Pour aller plus loin, l'absence des fleurs de lys dans les cantonnements des branches de la croix pose question. La gravure est fine et d'une grande précision. C'est donc une omission délibérée. Elle prend tout son sens lorsque l'on sait que les bijoux de cet ordre - supprimé en 1830 - pouvaient être portés sous la Monarchie de Juillet, à condition que les fleurs de lys aient été ôtées des cantonnements.

Karl Benz

Adjugé : 300 €