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L'ÉVÈNEMENT

Jeudi 28 mai 2015

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Bienvenue à Artigny ! Philippe et Aymeric Rouillac nous convient cette année au château d’Artigny pour leur incontournable garden party. Entre somptuosité du siècle des Lumières et inventivité de l’époque moderne.

Changement de lieu, même excellence… Maîtres Rouillac père et fils recevront cette année au château d’Artigny, situé à une quinzaine de kilomètres de Tours. Après le charmant et historique château de Cheverny, luxe et volupté vous invitent dans cette  somptueuse bâtisse de style XVIIIe, rêve du parfumeur de la Belle Époque François Coty, qui abrite aujourd’hui un hôtel-restaurant et un spa. Des salles plus grandes aussi, pour accueillir un programme sur deux jours plus impressionnant d’année en année. Deux enchères millionnaires s’annoncent déjà, pour un cabinet en laque du Grand Siècle (Voir la Une de la Gazette n° 19) et un étonnant chronomégaphone. Une troisième ne serait pas folie pour la table mécanique de l’ébéniste du roi Louis XV spécialiste du genre, Jean-François Oeben, dont l’un des plus célèbres exemples n’est autre que le bureau à cylindre de Sa Majesté au château de Versailles.

Jean-François Oeben (1721-1763), vers 1754-1757, table mécanique « à deux fins » à bâti de chêne et marqueterie de bois exotiques et indigènes polychrome, bronzes dorés, estampillée deux fois « J.F.OEBEN », 72,5 x 95,5 x 47,5 cm (fermée).
Estimation : 500 000/800 000 €.


Estimé 600 000/800 000 €, cet ouvrage d’époque 1754-1757 jusqu’ici inédit fonctionne encore, à la différence des trente-sept autres tables mécaniques à ce jour répertoriées ! Estampillée par deux fois « J.F.Oeben », celle-ci présente la particularité d’être « à deux fins », c’est-à-dire qu’elle peut servir à la fois de coiffeuse et de table à écrire. Très féminin, ce modèle fut fort apprécié, notamment de Madame de  Pompadour, dont une table est aujourd’hui conservée au Metropolitan Museum de New York. Quant à notre exemplaire, il présente un décor marqueté de bois exotiques et indigènes polychromes, centré d’une corbeille fleurie reposant sur une console à coquille dans un entourage de treilles, rinceaux et arabesques, une allégorie des quatre éléments ornant les coins. Actionné par un bouton secret, l’écritoire découvre à son tour un décor de laque or à fond noir. Dernier détail, et non des moindres, les bronzes d’angle en chute représentent de rares têtes de bélier, du même modèle que ceux créés par l’ébéniste pour Christian IV, duc palatin de Deux-Ponts, et pour son frère, amis intimes de la Pompadour…

Grand siècle et feuilel d'or

Commode en acajou par Riesener au château de Budé.
Estimation. 80.000 /100.000 €


Digne successeur d’Oeben, l’élève Jean-Henri Riesener sera également présent dans ce programme offrant une large part au mobilier, du XVIIe au XIXe siècle. Sa commode d’époque Louis XVI à léger ressaut central, en placage d’acajou et au délicat décor de bronze en encadrement, est attendue à 100 000/150 000 €. Conservée au château de Budé, à Yerres dans l’Essonne, durant plusieurs siècles, puis vendue en 2004 à un collectionneur du Tarn, elle présente un état de fraîcheur sans égal. L’effet Révolution française ! Eh oui, cachée en 1789 entre deux cloisons du château afin de la soustraire à un funeste sort, cette commode ne fut fortuitement redécouverte par la famille Hamelin que lors de la Seconde Guerre mondiale…

Saint-Cloud, début du XVIIIe siècle. Gobelet en porcelaine aux armes de France, décor polychrome figurant les attributs du barbier-apothicaire, rehauts à la feuille d’or appliqués par estampage,h. 7,5 cm.
Estimation : 20 000/30 000 €.


Le petit intermède « objets d’art » se passera en compagnie d’un rare gobelet aux armes de France sorti des fours de la manufacture de Monsieur frère du Roi, à Saint-Cloud, au début du XVIIIe siècle, un des tout  premiers exemples de la technique de l’estampage de la feuille d’or. Provenant d’un château du Blaisois, ce précieux  récipient,  prisé 20 000/30 000 € (voir photo page 38), arbore un délicat décor polychrome dédié au métier de barbier-apothicaire : serpent d’Esculape, mortier, pilon aux armes de France, alambic et plant de tabac.

Cabinet en laque parisienne d'époque Louis XIV.
Estimation 1/1,5 M€.


Rappelons que le Grand Siècle sera également bien représenté avec l’exceptionnel cabinet en laque et piètement en bois doré en forme de sept termes, daté vers 1670, à envisager à 1/1,5 M€ (voir page 5 de la Gazette n° 19). Un travail parisien très précoce, réalisé à la manière asiatique sous le règne de Louis XIV, qui devrait faire de nombreux envieux, d’une part pour son décor à la fable taoïste du Prince et de l’oiseau et, sur les onze tiroirs intérieurs, aux animaux évoquant ceux de la ménagerie de Versailles ; d’autre part pour sa provenance, puisqu’il aurait été offert à la reine du Portugal Marie-Françoise Élisabeth de Savoie, cousine de Louis XIV.

Portrait équestre de Louis XIV d'après Le Hongre, XVIIe. Bronze
Estimation 50.000 /80.000 €.


Le Roi-Soleil sera encore présent grâce à une statue équestre en empereur romain, d’après le modèle d’Etienne Le Hongre pour la place royale de Dijon, restée dans la descendance de l’architecte du lieu, Martin de Noinville (50 000/80 000 €).

Fauteuil de Bonaparte au palais de l'Élysée par Georges Jacob.
Estimation 30.000 / 50.000 €.


La première journée de vente est aussi marquée par une belle sélection d’oeuvres d’époque Empire. Outre pour un fauteuil d’apparat Consulat d’un modèle fort célèbre, réalisé par Georges Jacob pour l’Empereur dans le style « retour d’Égypte » et livré à l’Elysée en 1808 (30 000/50 000 €), on ferraillera pour une exceptionnelle épée « de cour française » à monture en or et lapis-lazuli, dite « à l’Hercule » pour son superbe décor mythologique, en or gravé aussi bien sur la fusée que sur la coquille bivalve (200 000/300 000 €).

Époque Premier Empire-Restauration (1809-1819). Épée « de cour française » à monture en or et lapis-lazuli, dite « à l’Hercule », signée par le maître orfèvre Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), l. 100 cm.
Estimation : 200 000/300 000 €.


Ce rare travail de l’orfèvre de l’empereur, Martin-Guillaume Biennais (1764-1843), aurait été offert vers 1814 par le roi d’Espagne au duc de San Carlos, José Miguel de Carvajal, diplomate espagnol qui participa aux négociations secrètes du traité de Valençay destinées à rendre son trône à Ferdinand VII. L’arme d’apparat fut transmise par Don Carlos, à son futur gendre le comte Charles de l’Espine, puis conservée dans la famille jusqu’à aujourd’hui.

Georges Braque, Oiseaux et étoile, 1959, gouache et collage. 32 x 36 cm.
Estimation 50.000 / 80.000 €.


La peinture nous invitera ensuite au coeur de la modernité, grâce à un collage de Braque figurant un oiseau (50 000/80 000 €) et à une toile de Maurice de Vlaminck, Entrée du port. Dans cette oeuvre de 1912 annoncée à 150 000/200 000 €, les couleurs fauves semblent maîtrisées par l’influence cézanienne.

Maurice de Vlaminck, Entrée de port, Toile. 54 x 65 cm. Estimation 150.000 / 200.000 €


La mécanique de la modernité

Chronomégaphone Gaumont, 1912, appareil de cinéma parlant avec diffusion de son amplifié, contenu dans quatre caisses, numéroté 11-005.
Estimation : 1/1,5 M€.


Le début du XXe siècle fut aussi l’époque de nombreuses inventions techniques, à l’image du premier appareil de cinéma parlant, un chronomégaphone automatique, de 1912 également, présenté dans ses cinq caisses d’origine de la maison Gaumont (1/1,5 M€, voir photo page de gauche). Léon Gaumont fut pionnier en la matière, réussissant le pari fou d’unir le son et l’image ! Composé d’un chronophone, d’un chef d’orchestre, d’un phonographe et d’une pompe à air comprimé, le monstre d’environ 420 kg est accompagné de quatorze films parlant, dits « phonoscènes ». Un véritable joyau de technologie, mais aussi un gouffre financier pour les cinéastes de l’époque. Mais un homme fit cet incroyable pari, Charles Proust. Ce  Tourangeau né en 1887, charpentier de formation, partit en Californie et au Mexique pour participer à la construction des nouvelles villes et usines. Ayant fait fortune, il décide d’investir dans le cinéma et achète ce chronomégaphone. La première séance est organisée en mai 1912, à Mexico. La révolution mexicaine le pousse à embarquer pour Cuba ; après plusieurs représentations début 1913, faute de finances, il est contraint à revenir en France. Ainsi le chronomégaphone est-il resté dans ses caisses pendant plus d’un siècle…

Relief des parques du Vicomte du Dresnay. marbre.
Est. 50.000 / 80.000 €


Bijoux, arts asiatiques et antiquités marqueront la vacation du lundi. Signalons une collection blésoise d’antiques, comprenant un devant de sarcophage d’époque impériale romaine, du IIe siècle, à décor en bas relief représentant les Parques. Estimé 50 000/80 000 €, il côtoiera un vase chinois en porcelaine, à décor bleu de cobalt et camaïeu sous couverte d’oiseaux branchés de style Ming, période Yongle (10 000 €). À vous, maintenant, de faire vos choix… •

Gourde Bianhu en porcelaine.
Estimation sur demande.
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