FR
EN

RATEAU DANS SON DECOR FAMILIAL

Mercredi 11 juin 2014

Les Petites Affiches, Bertrand Gallimard Flavigny

Rateau s'inspira de sièges anciens, comme la forme curule à ['antique.
Une paire de larges fauteuils en poirier noirci est estimée 20.000 à 40.000 €.




Armand-Albert Râteau (1882-1938) avait suivi des cours de dessin et de sculpture sur bois à l'École Boulle, avant de débuter dans l'atelier de Georges Hoentschel. De 1905 à 1914, il dirigea tes ateliers de décoration de la maison Alavoine puis s'établit à son compte en 1919 Sa première grande réalisation fut la piscine des Blumenthal à New York pour laquelle ll réalisa ses premiers meubles en bronze, ce qui le fit remarquer par Jeanne Lanvin, grande figure du monde de la mode ll concevra notamment pour elle la décoration de son hôtel particulier, rue Barbet-de-Jouy à Pans, et celle de ses maisons du Vésinet, inaugurant ainsi une collaboration de cinq années. ll créa également un mobilier pour les appartements de la duchesse d'Albe, dona Maria del Rosario de Silva y Gurtubay (1900-1934), au palais de Lina, à Madrid On se souvient que celui-là a été mis en vente le23 mai dernier à Paris par Christie s Au début des années 1930, Râteau rénova un hôtel particulier sur le quai Conti où il installa sa famille et ses studios Ceux-là lui servirent d'espace de réception et de représentation pour ses clients ll n'en profita malheureuse-ment pas longtemps, car une hémorragie cérébrale I'emporta à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Des éléments du décor familial seront mis en vente le 16 juin prochain à Cheverny par la SW Rouillac, tors de la XXVIe vacation organisée chaque année par ces commissaires-priseurs, dans I orangerie de cette propriété connue du monde entier 11] ll ne reste guère de meubles en bois signés par Râteau, car son stock a tragiquement brûlé avec son atelier en 1952 Armand-Albert Râteau déclina les oiseaux dans le bronze pour ses meilleurs clients dans les années 1920 table, console, mobilier de bain, luminaire Figure au catalogue une étude (37 x 47 cm) de console et table en bronze, qui ne semble pas avoir été réalisée Elle correspond à la série pour la salle de bain de la duchesse d'Albe Cette feuille (dessin à l'encre et lavis) est estimée 1.000 €. Au début des années 1920, le décorateur conçut ses ensembles les plus ambitieux et les plus prestigieux ll réalisa, par exemple, une paire de chauffeuses (h 82, I 53, p 65 cm)s'inspirant de celle dessinée pour la chambre à coucher de Jeanne Lanvin, conservée aujourd'hui au musée des Arts décoratifs Elles ont les mêmes proportions, un plissé identique en ceinture et une garniture de soie similaire Elles diffèrent par le motif des pieds antérieurs et par la couleur de leur bois Contrairement aux chauffeuses de Jeanne Lanvin, ces sièges ne sont pas peints en gris, mais entièrement dorés, comme le lit de repos de la duchesse d'Albe On en demande entre 50.000 et 80.000 €. Allant plus loin dans ses recherches, il s'inspira de sièges anciens comme la forme curule à l'antique Une paire de larges fauteuils (h 73, I 85, p 75 cm) en poirier noirci, les accotoirs détachés reliés l'un à l'autre au moyen d'une lyre passant par l'assise, soulignant la volute frontale, en est un exemple Les dossiers droits épousent les lignes de la lyre Ils reposent sur un piètement quadrangulaire en doucine Elle est estimée entre 20.000 et 40.000 €. Contrairement aux autres créateurs de l'Art déco, Râteau a conçu moins d une dizaine de bureaux et aucun secrétaire Un bureau type « 7098 », en chêne cérusé de forme droite,ouvrant par trois tiroirs en doucine, reposant sur deux montants pleins en forme de lyre dont la partie supérieure est gravée d'un chapiteau à motifs de draperies et la partie inférieure est en doucine, est ainsi une rareté (h 74, I 139, p 66 cm) et pourrait atteindre70.000 à 90.000 € Celui-là, en effet, a été produit à quelques rares exemplaires, pour l'essentiel réserves à la famille Les petites-filles d'Armand Râteau travaillaient ainsi sur ce meuble, dans leur chambre d'enfants à Paris Pour compléter ce bureau, il conviendrait de lui adjoindre un nécessaire de bureau, comprenant une écritoire droite en marbre veiné à deux godets (h 4, I 22, p 16,5 cm), une paire de coupes oblongues en opaline blanche [h 10,5,1 29,5, p 13 cm) et un porte-pipe anglais en acajou (h 14,5,1 31, p 8cm). Le tout est estimé 800 à 1.600 € Restent trois jeux de poignées de portes en bronze,« perruches » et « cœurs » (2.000 €) qui, selon Aymeric Rouillac, « nous ouvrent les portes du royaume enchanté d'un décorateur total »
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :