MATERNITÉ YOMBE

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Le thème de la maternité est universel… On le retrouve de tout temps et dans toutes les civilisations. Si d’aucuns pensent que les Yombe, installés sur le territoire de la République démocratique du Congo, ont pu développer ce sujet à la suite d’influences européennes, notamment portugaises à partir du XVIe siècle, leurs sculpteurs ont créé ces maternités, ou phemba, du nom du kaolin blanc qui les recouvrait auparavant, avec des caractéristiques tout à fait locales. On retrouve ainsi une femme agenouillée au visage réaliste, la bouche présentant des mutilations traditionnelles, aux dents taillées en pointe et au corps couvert de scarifications. Les attributs yombe sont également présents, le collier, les pendentifs, les bracelets de chevilles et de poignets signifiant le haut rang de la mère dans la hiérarchie sociale. Notre sujet porte sur la tête la coiffe traditionnelle, la petite calotte ronde. Sa main droite repose sur un pot, signe de libation rituelle. Dans sa main gauche, elle soutient son bébé, qui s’approche du sein afin de téter. Ces mères à l’enfant tiennent de multiples rôles. Outre leur référence évidente à la fertilité, elles symbolisent la pérennité du lignage au coeur du clan. La figure enfantine demeure bien souvent secondaire, la femme la regardant à peine. Cette dernière constitue sans aucun doute le personnage central de notre groupe, car elle est la représentation d’un illustre ancêtre ou de la mère du clan, dans une société matrilinéaire où la fortune et le pouvoir se transmettent par les femmes. Collectée entre 1890 et 1900 par le baron de Fontaine, en service au Congo pour le roi de Belgique Léopold, cette sculpture d’un vibrant naturalisme est depuis passée entre les mains de plusieurs collectionneurs avisés. À qui le tour ?

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