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GRAND ANGLE : SPLENDEURS IMPÉRIALES

Vendredi 06 juin 2014

La Gazette Drouot, Chantal Humbert

Le fonds Renoncourt fait l’événement de cette 26e vente garden party à Cheverny. Parcours hautement décoratif, des fastes de Napoléon Ier au romantisme…



Après plus de soixante-dix ans d’activité professionnelle, Jean Renoncourt, le doyen des antiquaires parisiens, disperse aux enchères ses importantes collections. Soit cent quatre-vingts meubles et objets d’art, présentés sans prix de réserve, dressant un superbe panorama décoratif de l’art français durant la première moitié du XIXe siècle. L’audace  de la jeunesse lui a fait acheter, au milieu des années 1970, le magasin de Grogneau & Joinel, à l’angle de la rue des Saints-Pères et des quais Voltaire et Malaquais. Idéalement située, la galerie va devenir sa meilleure publicité. En quête d’un créneau inédit, ce professionnel réhabilite le style Restauration, alors délaissé des amateurs, qui marque le triomphe des bois blonds tendance col de-cygne. La duchesse de Berry, à la pointe de la mode, colora de son charme le style troubadour. Rappelant l’art du Moyen Âge, celui-ci se pare d’éléments architecturaux librement interprétés, à l’image des arcs brisés d’une bibliothèque d’époque Charles X (3 000/4 000 €). D’ensorcelantes opalines romantiques font face à des pièces au luxe ornemental. Artistes et bronziers rivalisent d’imagination pour créer de somptueux modèles, telle une paire de présentoirs signés de Pierre-Philippe Thomire et estimée 3 000/5 000 €. Jean Renoncourt, habitué des Biennales des Antiquaires, a aussi bien côtoyé Grace de Monaco, Charles Aznavour que Rudolph Noureev ou Jacques Chirac. Entré en 1995 à la chambre nationale des experts spécialisés, il acquiert vite une réputation internationale. À cette époque, il a étendu son commerce au Premier Empire et expose dans son magasin tout l’éclat d’un style alliant héroïsme et solennité. Avec constance, il s’attache à dénicher des pièces rarissimes en Russie, en Suède, en Hollande ou en Allemagne. Une soixantaine de luminaires, ornements essentiels des salons d’apparat au début du XIXe, rayonnent ici de leur richesse extraordinaire. Les lustres se tailleront la part souveraine, à l’instar d’un modèle dit « suédois » des années 1800 (4 000/7 000 €). Soies et brocarts, bronzes et dorures, pendules, miroirs, tapis et meubles, bien sûr, s’ordonnent autour de la gloire de Napoléon Ier, qui s’est assuré la collaboration inconditionnelle de Charles Percier et de Pierre-François-Léonard Fontaine. Les deux architectes, formés au classicisme italien, chantent dans la pierre le prestige impérial ; recommandés par l’ébéniste Jacob, ils participent aussi aux aménagements des palais princiers. Ces fervents admirateurs de l’Antiquité publient aussi un Recueil diffusant la grammaire du premier Empire. Notre gracieuse console, proposée dans son jus, fait justement référence à une esquisse qu’ils ont  dessinée, aujourd’hui conservée au musée des arts décoratifs de Budapest. Inspirée des arts égyptien et romain, elle s’embellit de bronzes dorés ; ils représentent des griffons ailés et des têtes de Mercure enjolivés de palmettes et des rinceaux… Avec de tels atouts, elle séduira sans nul doute un amateur et comblera ainsi Jean Renoncourt : il souhaite que les pièces de ses collections fassent le bonheur d’un héritier de ses goûts.
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