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Royal sac à main

Samedi 17 décembre 2016

Cette semaine, Christophe sollicite Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, afin de connaître l’estimation d’un « sac Dior année 2000 certifié authentique ».

Noël approche… Parions que vous serez plus d’un aujourd’hui, après avoir refermé le journal, à vous presser dans les boutiques pour terminer vos achats. N’est-ce pas ? Pas facile de trouver des idées, et chaque année, c’est la même ritournelle. Les ventes aux enchères regorgent de trésors, pour tous les goûts et toutes les bourses ! Pensez-y messieurs, lorsque vous souhaiterez gâter vos épouses car vous y trouverez peut-être des sacs luxueux, comme celui de Christophe. C’est ce que l’on nomme le vintage. Nous employons ce mot anglais dans le sens de « rétro ». Dans le monde de la mode, il désigne un vêtement ou un accessoire ancien, ou du moins original, de seconde main quoiqu’il en soit.

C’est probablement le cas du sac de Christophe. En veau glacé noir, il adopte trait pour trait la forme du sac « Lady Dior », un hommage à la princesse Diana. Il possède ses breloques abécédaires égrenant le nom de la marque. Il semble en bon état bien que datant de l’an 2000. Ses anses sont en revanche bien fines par rapport à celles utilisées ordinairement. Une variante ? Notre lecteur nous indique qu’il est « certifié authentique ». Prudence ! Par qui ? Par la maison Dior ? Par un expert reconnu ? Par un commissaire-priseur ? Les contrefaçons, dans le monde du luxe, sont innombrables ! Et le jeu n’en vaut pas la chandelle… Si ce sac est faux et que la douane vous arrête en sa possession, comptez une amende comprise entre une et deux fois la valeur du sac authentique en boutique, soit 3 200 € minimum, de probables poursuites judiciaires, et une condamnation pouvant aller jusqu'à 3 ans de prison et 300 000 € d'amende. Cerise sur le gâteau, le sac sera détruit. S’il est authentique, nous pouvons l’estimer 200 à 300 €, sous réserve d’un examen physique !

Ah le sac à main ! S’il est bien un accessoire qui représente la femme c’est celui-ci. Et pourtant, sous l’Antiquité, les dames de la bonne société se seraient bien gardées de se charger les bras. Ce sont les esclaves qui portent les effets de leur maîtresse dans un sac. Au Moyen-Âge, chacun sa bourse, mais elle n’est qu’utilitaire. Les vêtements étant démunis de poches, on l’attache à la ceinture, hommes et femmes confondus. Le sac de ceinture le plus chic est alors l’escarcelle. La mode de la Renaissance ajoute des poches dans les plis des larges vêtements. Adieu les sacs disgracieux qui déforment la silhouette, et pour longtemps ! Sous le 1er Empire, la mode est aux robes à l’Antique, droites, légères, cintrées. Plus question de poches cachées dans les jupons ! Voici qui donne naissance au sac à main, toujours utilitaire, mais avant tout accessoire de mode. De petite taille, il est assorti aux tenues. Dans la haute société, ils sont faits d’étoffes précieuses et se parent de pierres fines. Devenu indispensable, il est un aussi bon prétexte à la coquetterie que les robes et les chaussures. À la fin du siècle, ils s’agrandissent pour permettre d’accueillir plus qu’un poudrier, un éventail, et des jumelles de théâtre. Ce seront les grandes maisons, associant des femmes célèbres, qui feront les sacs « iconiques » du XXe siècle, inspirant tous les autres : Hermès avec Grace Kelly ou Jane Birkin, Gucci avecJackie Kennedy ou encore Dior avec Lady Di… Sans oublier le légendaire sac deBernadette Chirac, si souvent parodiée par les humoristes. God save the sac àmain !
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