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À table pour les fêtes !

Samedi 13 décembre 2025 à 07h
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Cette semaine, Chantal, nous soumet une table de salle à manger. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Aymeric Rouillac, de nous en dire davantage sur l’histoire de ce meuble et sa typologie.



En ce mois de décembre, la table devient l’élément central de la maison. Tout s’y passe autour d’elle : choix des menus pour les parents et rédaction des listes au père Noël pour les enfants. Et puis, s’organise le 24 décembre le traditionnel réveillon, où la famille se réunit… à table !

Il faut donc qu’elle soit grande. Celle de notre lectrice est longue de un mètre soixante pour accueillir huit personnes. Étant une table « à tirants », elle peut s’étendre jusqu’à deux mètres soixante pour attabler a priori six invités supplémentaires. Réalisée en chêne massif, elle se distingue par un décor mouluré et sculpté relativement sobre : la ceinture est légèrement chantournée, tandis que les pieds cambrés se terminent par des enroulements dits en « escargots ». Le décor est au menu ! Plus sérieusement, cette ornementation est caractéristique du style Louis XV, dans lequel le mouvement et la légèreté sont plébiscités. En revanche, elle a été réalisée par un menuisier du XXe siècle, comme le confirme sa propriétaire et comme le trahit son décor un peu sec.

Or une question se pose : la typologie de la table de salle à manger avait-t-elle été inventée sous Louis XV ? La réponse est un grand non. Sous le règne du Bien Aimé, on continue d’utiliser un plateau de bois posé sur des tréteaux. La planche est recouverte d’un tapis ou d’un tissu lourd voir d’une nappe, afin de prendre les repas. Et pour cause, la salle à manger en tant que pièce à part entière ne commence qu’à faire son apparition dans les programmes architecturaux. Citons notamment, la salle à manger d’hiver des petits appartements de Louis XV, dans laquelle le décor est en adéquation avec la destination du lieu. Au mur est exposé le fameux Déjeuner d’huitres de Jean-François de Troy, peint en 1735. Le tableau exprime tout le raffinement de la société contemporaine. Il met en lumière de nouveaux meubles, comme la table rafraichissoir permettant de garder au frais les bouteilles de Champagne, elles-mêmes représentées pour la première fois dans un tableau ! Ainsi, la table de salle à manger se développe véritablement sous le règne de Louis XVI. Elle se caractérisent généralement par un plateau ovale reposant sur six ou huit pieds fuselés et l’utilisation d’essences de bois comme l’acajou ou le noyer. S’en suit au XIXe siècle, une production plus importante de ce nouveau meuble. Nous n’imaginerions plus vivre aujourd’hui sans table pour prendre ses repas.

On le sait, beaucoup de choses se jouent à table. Ainsi, ce meuble touche autant dans l’histoire religieuse – la Cène par exemple, représentant l’ultime repas du Christ avec ses douze apôtres – que politique. C’est en ce sens, que certains concluent que la « politique est née à table ». Il n’est donc pas anodin qu’elle soit parée pour les réceptions officielles de nombreux artifices. Pensons par exemple au Surtout de Cent couverts, commandé à Charles Christofle par le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en 1852. Présenté à l’Exposition universelle de Paris trois ans plus tard, il est destiné à orner une table de 30 mètres de long et présenter toutes les valeurs de la France. Malheureusement, une partie des pièces disparait dans l’incendie du palais des Tuileries sous la Commune de Paris en 1871.

Nous souhaitons à la table de notre lectrice qu’elle soit aussi belle que possible pour les fêtes à venir. Si ce mobilier est de qualité, mais trop moderne, il est aujourd’hui peu recherché. Ainsi, cette table peut être estimée autour de 50 €, soit une somme relativement attractive, qui n’induit sans doute pas la nécessité de sa vente. Offrez-là si vous devez déménager, et d’autres auront plaisir à s’y réunir autour d’elle… et probablement avec vous !
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