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Un hibou en bronze d’Edouard Marcel Sandoz, sculpture et animal fétiches de l’artiste

Vendredi 07 novembre 2025

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Édouard Marcel Sandoz (1881-1971), Grand Duc, tête à gauche, 1933, bronze à patine... Un hibou en bronze d’Edouard Marcel Sandoz, sculpture et animal fétiches de l’artisteÉdouard Marcel Sandoz (1881-1971), Grand Duc, tête à gauche, 1933, bronze à patine brune, signé, cachet du fondeur « Cire perdue Paris E. Robecchi », 53,5 x 28 x 23 cm.
Estimation : 30 000/50 000 €

Conservé dans la même famille depuis cinquante-trois ans, ce Grand Duc, pièce unique en bronze de 1933, était l’une des œuvres préférées du sculpteur animalier emblématique de l’époque art déco : Édouard Marcel Sandoz.

Les rapaces nocturnes ont veillé sur la carrière d’Édouard Marcel Sandoz. Sa première sculpture animalière était un petit hibou. C’est lors d’un séjour en Sicile en 1908 qu’il en attrape un, qui deviendra son premier modèle. Plus de soixante ans plus tard, pour la grande rétrospective organisée à la Cité internationale des arts à Paris peu après sa mort en 1971, c’est un Grand Duc qui accueille le public. Si notre bronze n’est pas l’heureux élu, c’est qu’il est, à cette époque, porté disparu… Dans le catalogue raisonné Sandoz - Sculpteur figuriste et animalier de Félix Marcilhac (éditions de l’Amateur, 1993), il apparaît au numéro 1013 et est toujours indiqué comme « non localisé ». Il se cachait en réalité dans une maison de Touraine depuis cinquante-trois ans, ayant été offert en cadeau de mariage par Henriette et André Bouygues (1905-1998) à leur fils en 1972.

Bien qu’il ait réalisé, entre 1932 et 1935, une dizaine de modèles différents du rapace, avec la tête tournée dans différentes directions, c’est cette épreuve qu’il choisit d’exposer lors d’événements importants.

La trace de ce Grand Duc a été perdue à la fin de l’année 1935. Jusque-là, il avait occupé une place particulière dans l’œuvre et la carrière de Sandoz. Bien qu’il ait réalisé, entre 1932 et 1935, une dizaine de modèles différents du rapace, avec la tête tournée dans différentes directions, c’est cette épreuve qu’il choisit d’exposer lors d’événements importants durant les deux années qui suivent sa réalisation, en 1933, en un unique exemplaire, par Émile Robecchi, fondeur à Malakoff. Au cercle Volney, en mars 1933, par exemple, elle accompagne un Pékinois.

Félix Marcilhac note dans son ouvrage : « C’était un fort bel envoi qui comme d’habitude tranchait par rapport à la banalité des sculptures officielles […] » (page 176). Il l’emmène ensuite au Salon de la Société nationale des beaux-arts puis, après le décès de François Pompon, à l’exposition organisée en hommage au sculpteur au Muséum national d’histoire naturelle, de janvier à mars 1934. Enfin, Sandoz l’intègre à la tournée européenne de la galerie Malesherbes, passant par Bruxelles et Londres. Cette œuvre devient alors le totem de l’artiste, un travail emblématique de sa volonté d’imposer une vision novatrice de la sculpture animalière.

Grand Duc au regard perçant

Accusant une baisse de popularité au début des années 1930, Sandoz va créer, grâce à l’immense fortune de sa famille à l’origine du célèbre groupe pharmaceutique suisse qui porte son nom, un Salon des animaliers ouvert à tous. Il a lieu tous les quatre ans au sein de la galerie d’Edgar Brandt, qu’il va racheter après sa fermeture en 1934. Il la rebaptise galerie Malesherbes et en fait un haut lieu de l’art déco où se côtoient les meubles de Leleu, les luminaires de Perzel, les laques de Dunand, les ferronneries de Subes et les sculptures animalières de ses amis : Petersen, les frères Martel ou Guyot. La deuxième édition de son salon s’y déroule en 1935. Une occasion de faire la promotion de ses œuvres des années 1930 à l’image de ce Grand Duc au regard perçant, aux plumes parfaitement détaillées et aux serres aiguisées, laissant de côté la stylisation décorative très personnelle de ses débuts au profit d’une manière plus réaliste. Demeurent un art inspiré des antiquités égyptiennes – que l’artiste admire au Louvre dès son arrivée en France – et un aspect monumental et synthétique en parfait accord avec les tendances de l’époque.
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