La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Maison Gibert/Martial Bernard, premier Empire. Le Glaive impérial de 1812, vers 1810-1812, deux feuillets, papier bleuté, dessins au crayon et à la plume, empreintes et estampes sur papier et calque, 34 x 44 cm environ.
Estimation : 5 000/8 000 €
Provenant du fonds d’archives de l’ancienne maison parisienne de joaillerie Gibert/Martial Bernard, ce dessin évoque le glaive impérial fabriqué en 1812 et aujourd’hui disparu.
Conservés jusqu’à ce jour dans la descendance des fondateurs de l’ancienne maison parisienne en joaillerie Gibert/Martial Bernard, deux feuillets évoquent le fameux glaive impérial de Napoléon Ier et sa confection. On aperçoit ainsi sur la première planche (représentée) le dessin de la poignée, du pommeau et de la garde du glaive, avec le détail d’un des décors d’enroulements du fourreau. À sa gauche se distinguent l’aigle déployée enserrant des foudres ornant le milieu de la garde ainsi que des empreintes de la taille des diamants apposés sur l’arme. Les bijoux ornant cette épée étaient en effet nombreux. Certains sont dessinés sur la seconde planche, aux côtés d’autres bijoux célèbres comme le saphir qui ornait le diadème de Marie-Louise et le diamant dit «Orlov» de 189 ct, vendu aux enchères à Amsterdam en 1767 — pour 2 550 000 livres — et offert par le comte à sa maîtresse l’impératrice Catherine II de Russie. Ces documents témoignent du processus de création du glaive et notamment du travail de préparation du sertissage, réalisé par le metteur en œuvre ou le joaillier. C’est en 1811, juste après la naissance du Roi de Rome et avec la volonté de légitimer la nouvelle dynastie impériale, que Napoléon Ier décide de remplacer son épée de sacre par un regalia, un glaive impérial qui réutiliserait le
Régent, ainsi que d’autres pierres précieuses du trésor royal. Il s’adresse pour cela à François-Régnault Nitot (1779-1853), le fils du créateur de l’épée du sacre, Marie-Étienne Nitot. Mais d’autres artisans de renom ont participé à ce grand projet, comme le prouvent les annotations sur ces dessins, évoquant notamment Jean-François Fossin et son fils Jean-Baptiste. Finalement, ce glaive connut une fin tragique puisqu’il fut emporté, avec d’autres joyaux de la couronne, par l’impératrice Marie-Louise lors de sa fuite en 1814, mais le baron Méneval décida de le briser afin de ne conserver que la poignée et le
Régent… qui sera rendu à Louis XVIII par le père de Marie-Louise, l’empereur d’Autriche François Ier.