DES FLEURS D’ÉTÉ POUR LES VACANCES
Samedi 05 juillet 2025 à 07h
Cette semaine, l’une de nos fidèles lectrices soumet un nécessaire de toilette à notre expertise. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet ensemble.

Ce vendredi sonnait une dernière fois la cloche de nos écoles, avant la longue pause estivale. Quoi de mieux pendant ces deux mois, que de redécouvrir la faune et la flore de nos campagnes. Si elles émerveillent les petits comme les grands, elles sont aussi une source d’inspiration pour les artistes et artisans d’art. Tel a dû être le cas pour la manufacture à l’origine du nécessaire de toilette de notre lectrice. Se composant de trois flacons, deux porte-savons, un poudrier et un gobelet, ce service est décoré de frise de clématites. Utilisée dès l’Antiquité en huile macérée pour lutter contre la gale, la clématite est aussi appelée « herbe aux gueux » à la Renaissance. On rapporte en effet qu’elle provoque des irritations qui permettaient aux mendiants de se faire plaindre des passants...
Notre lectrice n’a donc pas à s’en faire pour sa peau, car son service de toilette est réalisé en verre bleu givré à décor émaillé. La technique est des plus utilisée entre 1880 et 1900, en plein courant Art Nouveau. En France, et plus particulièrement à Nancy, les manufactures d’Émile Gallé et de la famille Daum utilisent cette technique. Le processus est relativement simple. Il consiste à déposer une épaisseur régulière de colle sur un objet en verre préalablement dépoli au sable. Une fois sèche, la colle se craquelle et emporte avec elle des éclats de verre fin produisant l’effet tant attendu. Un décor des plus étonnants est obtenu : le givre de l’hiver se mêle aux fleurs d’été. Il semble néanmoins que le nécessaire de notre lectrice soit de facture plus tardive. La qualité modeste du décor tend à déceler un travail produit entre 1900 et 1930, d’autant que l’absence de signature ne permet pas d’en identifier l’auteur.
Il prolonge la grande tradition inaugurée dès la fin du XIVe siècle, quand bien même le terme « nécessaire » n’apparait qu’à partir du XVIIIe siècle. Antérieurement, les termes « étui » ou « coffret » sont préférés. Et pour cause, les articles de toilette sont inscrits dans des écrins facilitant le voyage. Ils sont gainés de galuchat ou plaqués de palissandre voire d’acajou ou tout autre matériau de luxe. En l’espèce, le nécessaire de notre lectrice n’a pas vocation à voyager régulièrement, du fait de la fragilité du matériau et de l’absence de tout coffret permettant son transport. Il mérite en revanche d’être présenté dans une salle de bain, comme le fait soigneusement notre lectrice depuis « plus de 25 ans » !
Nous ne vous l’apprenons pas, ces pièces sont aujourd’hui moins utilisées. Présentées comme des objets de décoration, elles se négocient autour de 30 à 50 €. De quoi prendre la clé des champs le temps d’une petite journée ou s’offrir quelques glaces sous la chaleur de l’été. Belles vacances à tous nos écoliers !
