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Un pichet pour fêter la Saint-Patrick

Samedi 15 mars 2025 à 07h

Cette semaine, Yves, soumet un pichet à notre expertise ; l’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette pièce.



Chaque année, le 17 mars, l’Irlande célèbre la Saint-Patrick, une fête où se mêlent traditions religieuses, légendes et festivités. Célébrée historiquement en Irlande, cette fête a pour vocation de commémorer la mort du saint, qui fut le premier à convertir le pays au christianisme. À cette occasion, les restrictions d’alcool et de nourriture étaient levées. Les Irlandais ont donc gardé pour habitude de partager des bières et se parer de motifs de trèfle évoquant la Sainte Trinité. Cette fête s’est depuis démocratisée et a su s’imposer sur tous les continents. De ce fait, on y associe aujourd’hui d’autres symboles forts comme la harpe, ou encore le célèbre chaudron d’or des leprechauns, ce trésor mythique que ces lutins malicieux à la barbe rousse et vêtus de vert cacheraient au pied d’un arc-en-ciel. Mais si l’on parle de trésor, il n’est pas toujours question d’or, à l’instar du pichet de notre lecteur, conservé bien loin de Dublin !

Celui-ci est né encore plus loin que le Loir-et-Cher, car produit à Angoulême. La faïence en terre d’Angoulême est un héritage pluriséculaire, dont l’histoire commence au milieu du XVIIIe siècle. En 1748, Bernard Sazerac fonde, à l’Houmeau, un nouvel atelier de faïence. Il développe une production de pièces en faïence blanche, réalisées à partir de terre grise et d’émail blanc. Cette couverte est obtenue à partir d’une base en étain. Outre cette collection, la manufacture de la Veuve Sazerac et fils propose des services dits « à fleurs ». Pour retranscrire la vivacité des couleurs, les artisans de la manufacture usent de la technique dite de « Grand feu » au décor réalisé sur une glaçure crue puis cuite entre 800 et 1.000°. En revanche, le répertoire des couleurs est relativement pauvre. Les pièces en faïence de « Petit feu » offrent elles des variations tonales plus variées, avec un décor souvent plus net, résultant d’une cuisson dissociée du décor et de la couverte à une température inférieure.

Au regard de sa patine, le pichet de notre lecteur est bien plus récent, une impression confirmée par la marque au revers de la pièce : « Faïencerie d’art / d’Angoulême / Le Renoleau ». Alfred Renoleau relance la production faïencière autour de 1891. S’il se spécialise dans la réalisation de plats à la manière de Bernard Palissy, avec des animaux en rustique figuline, il propose aussi un répertoire de pièces de forme au décor floral. Votre pichet, Yves, est typique de cette production nombreuse avec ses marguerites colorées, ses clématites et ses fleurs de pavot. La promotion de ses pièces est assurée dans les journaux locaux qui vantent des « objets de fantaisie et de luxe pour cadeaux, bibelots, services de table sur commande, services à dessert, chiffres et armoiries ».

En cette veille de Saint-Patrick, nous estimons ce pichet entre 20 et 30 €. De quoi lever plusieurs fois nos verres, même si l’alcool est à consommer avec modération ! Santé !
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