À l’heure de la Renaissance
Samedi 28 décembre 2024 à 07h
Cette semaine, l’une de nos fidèles lectrices soumet à notre expertise une impressionnante pendule lyonnaise en bois héritée de sa belle-famille ; l’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de célébrer le passage à la nouvelle année au son de cette pièce d’horlogerie.

Chez nos voisins d’Outre-Manche, le passage à la nouvelle année est rythmé par le timbre de Big Ben, à travers ses fameux 12 coups résonnant dans l’ensemble de Londres.
L’objet de cette semaine va peut-être aussi sonner le 31 décembre. Il s’agit d’une pendule en bois reprenant la forme d’une église. Son sommet en forme de clocher est orné de deux fleurs placées dans des alcôves tandis que sa façade est décorée d’un fronton surbaissé et entrecoupé. Le corps de l’horloge est encadré de six colonnes baguées, dont les deux premières sont cloutées dans un mouvement torsadé. Le cadran en métal gravé de rinceaux et de fleurs indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes peints en noir. Il est signé « Charvet Ainé et Compagnie à Lyon ». Enfin, elle repose sur une base à degrés terminant en plinthe, soutenue par des pieds miches. Le tout est orné d’éléments métalliques, peut-être en bronze, reprenant un vocabulaire végétal et fabuleux comme les têtes de faunes. Concernant la partie mécanique, le cadran comporte deux points de remontage, l’un pour la sonnerie et l’autre pour remonter le ressort. La suspension à Brocot et les deux sonneries permettent de la dater d’après 1840.
Le vocabulaire ornemental n’est pas sans rappeler les créations du XVIe siècle telles que celles du menuisier lyonnais Hugues Sambin. On peut la rapprocher d’une armoire du XIXe siècle conservée au château de Blois, réplique d’une autre conservée à Besançon. On y retrouve des frontons entrecoupés ainsi que le même répertoire végétal et fantastique.
Lyon fut une place particulièrement importante de l’horlogerie dès la fin du Moyen-Age, atteignant son apogée au XVIIe siècle et en devenant l’une des capitales. La signature de Charvet est loin d’être anodine puisque c’est son atelier, fondé en 1850 qui réalisa la fameuse « Pendule Charvet » avec ses célèbres automates. Appelés également « Jacquemarts », ils reprennent des personnages de la Commedia dell’Arte comme Arlequin, ou typiquement lyonnais comme Guignol et Gnafron. Cette horloge, installée depuis 1864, orne aujourd’hui la façade de l’Hôtel de Gadagne, lequel abrite les collections du musée d’histoire de Lyon. Charvet est donc un horloger indissociable de la Capitale des Gaules.
Votre pendule, chère lectrice, serait susceptible d’intéresser les amateurs d’histoire lyonnaise. Toutefois, de par son style assez artisanal, elle pourrait s’adresser à un public relativement restreint. Il convient donc de rester prudent et de fixer son estimation autour de 100 euros. De quoi découvrir les châteaux de la Loire spécialement décorés à l’occasion de l’évènement « Noël au Pays des Châteaux ! » pour prolonger un peu la magie des fêtes.
