À L’heure de la parade
Samedi 14 septembre 2024 à 07h
Cette semaine, Frédéric de Chailles soumet une garniture de cheminée à l’expertise de notre commissaire-priseur. Philippe Rouillac nous en dit plus sur cette pièce d’horlogerie imposante.
À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques qui viennent de s’achever, Paris a attiré plus encore l’attention du monde. Les épreuves organisées au sein des grands monuments parisiens ont mis en lumière le patrimoine architectural de la capitale, particulièrement celui datant du XIXe siècle. L’Arc de Triomphe de l’Etoile, servira ainsi une dernière fois de toile de fond à la grande parade célébrant ce samedi l’ensemble des athlètes et des bénévoles grâce à qui ces Jeux ont été une formidable réussite.
Cet ensemble architectural unique est l’héritage des siècles passés et notamment des transformations opérées par le Baron Haussmann sous le Second Empire. Les bâtiments construits à cette période ont contribué à faire de Paris l’épicentre de la création artistique, les chantiers attirant des artistes de France et d’ailleurs afin de participer à leur édification ainsi qu’à leur ameublement. L’objet de cette semaine est un exemple parfait de la création de l’époque.
Alliant marbre rouge et métal patiné, cette garniture de cheminée est composée d’une pendule et de deux vases d’ornement. Le cadran de la pendule, émaillé en blanc, indique les heures en chiffres arabes. Il est intégré dans une borne surmontée d’un vase couvert sur piédouche où s’appuie une sculpture allégorique de femme. Elle retient une traine dans laquelle s’engouffre le vent formant un arc de cercle. Les vases adoptent un décor végétal et des drapés en bas-relief sur la panse et le pied. Un putto posé sur l’épaule des vases s’appuie sur leur col. L’ensemble repose sur des pieds patins dorés. Le régule, alliage peu onéreux étant considéré comme le « bronze du pauvre ».
La photographie ne nous permet pas de voir si l’œuvre est signée, mais cette composition est bien connue : elle fut créée par le sculpteur Charles Théodore Perron (1862-1934), qui l’a titrée La Brise. Formé par Falguière et Hiolin, il exposa dans différents salons, notamment le Salon des Artistes Français où il obtint des médailles lors des éditions de 1896, 1897, 1899 et 1910. Après des réalisations académiques dans le goût de Moreau, il se tourne ensuite vers l’Art Nouveau. Comme pour de nombreux sculpteurs de son époque, une partie de ses créations est éditée et intégrée à des objets d’art, notamment des pendules. Ces œuvres pouvaient être fondues en bronze ou en régule, de façon à s’adresser à des publics ayant des moyens financiers variés.
En ce qui concerne votre garniture, Frédéric, les différents modèles passés en vente publique ainsi que le manque de finesse de ses ciselures laissent à penser qu’il s’agit d’une œuvre en régule. De ce fait, il faut rester prudent quant à son estimation, qui pourrait être fixée entre 30 et 50 euros. Une somme raisonnable, mais qui vous permettrait de vous offrir deux places pour la nouvelle exposition sur Caillebotte au Musée d’Orsay et vous replonger ainsi dans l’effervescence artistique de la fin du XIXe siècle.