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Verseuse chinoise en argent, le XIXe mondialisé

Vendredi 08 mars 2024

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Chine pour l’exportation, XIXe siècle. Verseuse hexagonale en argent anciennement vermeillé, h. 19 cm. Estimation : 2 000/4 000 €

Au premier regard, l’appartenance de cette pièce d'orfèvrerie aux arts chinois n’est pas évidente. Elle adopte en effet une esthétique originale due à son statut de pièce d’exportation.

Cette verseuse chinoise en argent, du XIXe siècle, a été offerte en cadeau de mariage par des amis hollandais au début du XXe, puis conservée par descendance dans une collection du Tarn. Si le bronze a longtemps supplanté l’argent, l’utilisation de celui-ci dans l’orfèvrerie chinoise a commencé à se développer à la fin du premier millénaire, sous les Tang, à la faveur d’un fort brassage culturel. C’est dans un contexte similaire que se place cette verseuse au décor, dans des cartouches en bas relief, représentant des scènes de la vie de Râma : une iconographie étonnante, offrant une narration stylisée du Râmâyana, l’une des principales épopées hindouistes. On voit le héros combattant des démons et des oiseaux diaboliques afin de récupérer son trône. Cette pièce fabriquée en Chine mais narrant un mythe indien était destinée aux Européens. Un objet parfaitement étudié et voulu par la très commerciale Compagnie des Indes. L’engouement en Europe pour l’argenterie chinoise a débuté aux XVIIe et XVIIIe siècles avec les cadeaux diplomatiques. Une verseuse similaire à celle-ci avait d’ailleursété offerte à Louis XIV par l’ambassadeur de Siam en 1686. Miraculeusement conservée jusqu’à aujourd’hui, elle appartient aux collections du château de Versailles. On y retrouve le fût hexagonal, le couvercle à six pétales, le bec verseur simulant le bambou. Notre exemplaire s’en distingue par sa base, qui répond au couvercle polylobé.
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