ARTS D'ASIE & CIVILISATIONS
Lot 122
Chine pour l'exportation - XIXe siècle
Verseuse hexagonale pour l'exportation en argent anciennement vermeillé.
De forme polylobée, la panse présentant six cartouches. La base et le couvercle à la manière d'une fleur à six pétales se répondent. Le bec verseur et l'anse imitant du bambou.
Les cartouches présentent des bas-reliefs avec des scènes de la vie de Rama, le couvercle des feuillages fleuris.
Corolle à l'amorce du fretel boule.
Haut. 19 cm.
Poids brut 799 g.
Provenance :
- Offert en cadeau de mariage par des amis hollandais au début du XXe.
- Par descendance, collection du Tarn.
A hexagonal Chinese vermeil coffee pot. Made for export.
Œuvres à rapprocher :
- Château de Versailles, verseuse offerte par l'ambassadeur du Siam à Louis XIV en 1686 : "le seul présent d’orfèvrerie connu à ce jour parmi les innombrables présents offerts à cette occasion" au Roi Soleil.
- Sotheby's, vente 23 octobre 2008, lot n°233 pour une verseuse à bec bambou d'époque Kangxi.
- Sotheby's, vente 1er novembre 2018, lot n°615, verseuse circa 1730.
Destinée à remplir l'espace de ballast des navires de commerce "l'argenterie de détail" chinoise est particulièrement appréciée dans le vieux continent à partir des somptueux cadeaux offerts par le roi du Siam à Louis XIV. Une verseuse hexagonale, aujourd'hui conservée à Versailles, est l'unique rescapée des présents reçus par le Roi Soleil lors de l'audience du 1er septembre 1686. Son style caractéristique -fût hexagonal, couvercle à six pétales, bec verseur en forme bambou, fretel boule- correspond très largement à celle ici étudiée.
Notre verseuse se distingue des autres modèles connus par sa base, qui reprend exactement la forme du couvercle. Son iconographie peut être identifiée comme une narration stylisée du Ramayana, l'une des principales épopées hindouistes. Dans les six cartouches gravés aux motifs dégagés en fort relief, Rama combat démons et oiseaux diaboliques afin de récupérer son trône. Fabriquée en Chine, narrant un mythe indien et destinée aux Européens, cette théière nous apparaît à la confluence des différents mondes réunis par les Compagnies des Indes aux temps modernes.
L'argent est admiré dès le début de notre ère en Chine, mais les poinçons ne sont apposés qu'à partir des XVIIIe-XIXe siècles, rendant difficile l'identification précise des pièces d'orfèvrerie. Parfois, des marques plus tardives sont apposées dans d'autres pays, trompant les amateurs sur l'époque réelle des objets. C'est le cas d'une théière en argent gravée "Martha Putland 1753", achetée en réalité par le colonel Putland à la fin du XVIIe siècle, dont la forme est très proche de la nôtre. Ces inscriptions témoignent en réalité de l'importance de ces objets de grand luxe transmis de génération en génération par des amateurs étrangers.
Estimation : 2 000 € ~ 4 000 €