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Tous à Cheverny/Moulinsart avec Tintin !

Samedi 02 mars 2024 à 07h

Cette semaine, Joël, de Tour-en-Sologne, nous confie l’estimation d’une collection de 18 albums de Tintin. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Aymeric Rouillac, de se replonger dans ses souvenirs d’enfance et de nous livrer les secrets de ces bandes dessinées.



Posés pêle-mêle, comme tout juste sortis de leur bibliothèque, ces albums nous rappellent que nous célébrons le 3 mars le 41e anniversaire de la mort du papa du plus célèbre des reporters, Georges Rémi, alias Hergé. Le dessinateur belge expliquait en 1975 : « Tintin, c’est moi. Ce sont mes yeux, mes sens, mes poumons, mes tripes. Je l’ai élevé, protégé, nourri, comme un père élève son enfant ». Ses lecteurs sont âgés de 7 à 77 ans, procurant à chaque génération son niveau de lecture et de compréhension, faisant dire au général de Gaulle n’avoir qu’un « rival international » : Tintin ! Notre professeur d’histoire en première, M. Vigouroux, nous avait ainsi donné un devoir qui avait marqué toute notre classe du lycée Ronsard: « Politique et relations internationales ; de Tintin au Pays des Soviets jusqu’à Tintin au Pays de l’or noir ».

Le style Tintin est né en 1929, avec la publication en feuilleton des aventures du héros à la houppe blonde, avant d’être réunies dans un album. Un lettrage noir sur fond blanc, des lignes claires et régulières plantent le décor, quand les couleurs en aplat facilitent la lecture en subordonnant l’image au récit. Avec Tintin, on suit, globe à la main, le parcours initiatique d’un jeune reporter au regard candide, de Russie en Amérique, du Pérou au Tibet, en passant par la Lune, la Chine, le Pacifique ou le golfe arabe. Si notre journaliste en herbe reste en dehors des débats politiques, chacune de ses aventures est le témoin d’une situation particulière. Son regard sur le monde est un fidèle témoignage d’une époque qui fait la joie des groupes de Tintinophiles, encore nombreux aujourd’hui. Le succès du héros tient avant tout à sa personnalité attachante, son caractère intrépide accentué par la vivacité de Milou, son fidèle fox terrier à poil dur, qui ne le quitte jamais.

Cet engouement du public se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes, qui font de temps à autre les gros titres de la presse, telle la vente d’une version préparatoire, à la gouache, de la couverture du Lotus bleu, pour plusieurs millions d’euros ! Comme pour les timbres ou les pièces de monnaie, la valeur des albums imprimés dépend de leur rareté et de leur qualité de conservation. Parmi les albums les plus recherchés, on retrouve ceux de « Tintin au Pays des Soviets » édités en 1930 par le Petit Vingtième puis republiés en 1969, ainsi que les premiers albums parus entre 1931 et 1942 (Tintin au Congo, Tintin en Amérique, L’île noire), qui peuvent se vendre des dizaines de milliers d’euros. On peut parfois croiser, à l’occasion de ventes publiques, des exemplaires uniques et mythiques, tel l’album « On a marché sur la lune » édité en 1964 et dédicacé par Neil Amstrong et l’équipage d’Apollo 11. Ici, la fiction marche dans les pas de la grande Histoire.

Votre collection, Joël, compte 18 exemplaires édités aux éditions Casterman. Hergé signe en effet en 1942 un contrat exclusif avec cette maison d’édition, ce qui entraîne la refonte de certaines planches, la mise en couleur des albums précédents et des nuances dans les rééditions. Si la datation des albums peut s’avérer complexe, il y a quelques astuces à connaitre : d’abord, observer la date de publication inscrite à côté de celle du dépôt légal, laquelle correspond à la date de dépôt du premier exemplaire d’un livre auprès des services publics. La date de publication, renvoie, elle, à l’impression de l’ouvrage que vous avez en main. A titre d’exemple, l’album « L’Affaire Tournesol » présenté ici n’a été publié qu’en 1986, bien que le dépôt légal date de 1956. Cet exemplaire, qui correspond donc à la 27e édition de l’album, n’est pas rare. Ensuite, si vous ne trouvez pas de date de publication, regardez le dos de l’album. Les éditions originales comportent un dos en tissu de couleur rouge, bleu ou jaune. Enfin, plus les titres de la collection récapitulés sur la quatrième de couverture sont nombreux, moins l’album est ancien.

Cette collection ne comporte malheureusement pas d’édition rare, tous ses albums semblant avoir été imprimés à partir des années 1970. Ils ont une valeur d’usage et de lecture, qui se négocie autour de 5 euros l’unité en brocante. En tournant les pages du « Secret de la licorne », paru en 1942, vous pourrez observer le château de Moulinsart : ne vous évoque-t-il pas ce cher château de Cheverny ? Hergé l’a effectivement choisi comme modèle pour la demeure du capitaine Haddock, en lui retirant ses ailes ! Profitez donc de cette semaine de vacances pour le visiter et découvrir l’exposition « Les secrets de Moulinsart », qui ravira les lecteurs de 7 à 77 ans !
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