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Osez l'osier !

Samedi 22 octobre 2016

Cette semaine, Myriam, de Feings, s’interroge sur l’utilité d’une curieuse corbeille en osier. Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, lui répond.

L’art de tresser des fibres végétales, que l’on nomme vannerie, est pratiqué depuis la nuit des temps. Certaines pièces retrouvées dans des régions arides sont datées de la fin de l’âge de pierre. Le panier de Cro-Magnon ! Les Égyptiens, mais également les Gaulois, sont célèbres pour leurs productions de qualité. À cette époque, ni carton ni plastique. L’osier est incontournable.Ce matériau est la tige d’un petit saule que l’on coupe après les premières gelées de janvier. Il terminera l’hiver les pieds dans l’eau pour lui permettre de repartir en végétation afin de faciliter son décorticage au printemps. Donc, si votre panier est tressé de brins clairs et sombres, c’est que certains ont été « épluchés », tandis qu’on a laissé l’écorce sur les autres.

En Val-de-Loire, c’est la ville de Villaines-les-Rochers qui est célèbre pour l’excellence de ses créations en osier. En plus d’une production « classique », ce sont de véritables œuvres d’art qui naissent de la coopérative de Vannerie de Villaines, le plus grand groupement de vanniers en France, labellisée « entreprise du patrimoine vivant ». Citons par exemple ce nid du Marsupilami que vous avez pu admirer il y a quelques années au Festival des Jardins de Chaumont-sur-Loire, ou encore une robe du couturier Jean-Paul Gaultier. Vous ne pouvez pas éviter la visite de Villaines, à deux pas du château d’Azay-le-Rideau, à 35km de Tours. Nombre de vanneries sont aujourd’hui importées de Chine et d’Asie du Sud-Est. Attention, rien à voir en qualité ! De plus, ces produits ne sont pas faits d’osier mais de bambou ou de rotin, une espèce de palmier.

Pas de doute pour la corbeille de Myriam, c’est bien de l’osier. De forme ronde, elle fait 34 cm de diamètre. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Mais elle est munie sur le pourtour de cinq réceptacles de forme conique, s’évasant vers le haut. On imagine une marchande de fleurs y ayant soigneusement disposé ses bouquets, les plus jolis dans les protubérances extérieures pour attirer les clients. Parfait pour le muguet !

Ces fleurs et le beau temps que nous avons ces derniers jours font songer à cette période de redoux appelée « l’été de la saint Martin ». Ceci en mémoire du retour de la dépouille du grand Saint depuis Poitiers. En effet, il y a 1 700 ans presque jour pour jour, son corps est chargé le 8 novembre sur un bateau à Candes. Au passage du convoi, les bords de Loire se mirent à refleurir jusqu’à Tours. Nous sommes un peu en avance sur cet anniversaire mais comme dirait Mme Michu : « Y’a plus de saisons » !

Les objets ne peuvent pas toujours livrer leurs secrets… Il faut bien l’avouer, impossible d’identifier avec certitude l’utilité de cette corbeille qui se négociera une dizaine d’euros en brocante. Chers lecteurs, à vous de jouer !
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