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Une rentrée studieuse pour petits et grands

Samedi 02 septembre 2023 à 07h

Cette semaine, Sophie, de Saint Georges sur Cher, propose à notre expertise des volumes du dictionnaire encyclopédique Larousse. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.



« La foi à la loi du progrès est la vraie foi de notre âge ». Par ces quelques mots, Pierre Larousse définit parfaitement la mission qu’il s’est fixé en réunissant, dans son « Dictionnaire du XIXe siècle », les connaissances scientifiques, littéraires ou encore historiques de son temps.

Bien sûr, Larousse, au cœur de la Révolution industrielle, n’est pas le premier à se lancer dans une telle entreprise de globalisation des connaissances. Si les savoirs se sont toujours transmis oralement, l’invention de l’écriture va permettre aux sociétés de laisser une trace écrite de ceux-ci. C’est entre Tigre et Euphrate que les Mésopotamiens ont laissé les plus anciennes traces de savoirs réunis de façon encyclopédique, il y a presque 6000 ans. Les Antiquités égyptiennes, grecques et romaines s’essayent aussi à l’exercice : nous pouvons notamment citer Héraclide du Pont ou Callimaque de Cyrène, qui ont dépassé leur fonction de philosophe pour tenter de réunir au sein d’ouvrages des connaissances plus généralistes. Le Moyen-Age est une période propice aux florilèges, qui sont des embryons d’encyclopédies, à ceci près qu’ils incluent une bonne part de merveilleux et de légendes. Mais le but est le même : réunir toutes les connaissances.
Au milieu du XIIIe siècle, est publié un ouvrage majeur, le Speculum Majus de Vincent de Beauvais. Plus importante réunion de connaissances du monde occidental (4,5 millions de mots !), il restera l’encyclopédie la plus complète jusqu’au XVIIIe siècle.
Le XVIIIe siècle est celui qui voit la parution de la plus célèbre des encyclopédies, celle de Diderot et d’Alembert. Avec plus de 70 000 articles, son but est double : réunir les connaissances tout en faisant travailler l’esprit critique des lecteurs. Il y a une grande portée philosophique à cet ouvrage, inhérente à l’esprit des Lumières. De plus, pour la première fois, cette encyclopédie est un travail collectif, ne portant pas la signature d’un seul homme. Le succès et l’étendue de l’ouvrage, initialement interdit de publication par le pouvoir royal, sont immenses. La voie est ouverte aux multiples publications encyclopédiques du XIXe siècle. Parmi celles-ci, notre ouvrage de Pierre Larousse. Ce dictionnaire encyclopédique, illustré, organisé par ordre alphabétique, est empreint d’une libre-pensée qui le fera mettre à l’Index par l’Église. Plus de 24 000 pages en 17 volumes rédigées par 89 collaborateurs entre 1866 et 1877, le Larousse est tiré, lors des « années fastes », à plus d’un million d’exemplaires. La portée sociale et scientifique de l’ouvrage participe à l’entrée dans le langage courant du mot « Larousse » pour désigner un dictionnaire, alors même qu’au XIXe siècle, les concurrents sont nombreux. Le succès de l’entreprise Larousse ne se dément pas au XXe siècle, et sa devise « Je sème à tout vent » traduit la volonté d’offrir le savoir au plus grand nombre.

Vos 15 ouvrages, Sophie, sont malheureusement assez abîmés. Si une édition originale en bon état peut avoir une certaine valeur, la vôtre pourrait trouver amateur aux enchères aux alentours de 40 euros. Une somme tout à fait raisonnable pour réviser ses connaissances en cette période de rentrée scolaire !
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