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Un objet fabriqué il y a des lustres !

Samedi 10 juin 2023

Cette semaine, Pierre, propose à notre expertise un lustre doré. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.



Votre lustre en métal doré possède six bras de lumières décorés de rinceaux feuillagés. Son fût en forme de vase est orné de frises et un anneau de suspente permet de maintenir l’ensemble au plafond. Pourtant, on le découvre sur cette photo négligemment posé au sol… A-t-il été décroché volontairement, comme celui de l’Opéra Garnier à Paris, resté célèbre grâce au « Fantôme de l’Opéra » de Gaston Leroux? Dans ce roman inspiré de faits réels, l’auteur nous plonge dans les fastes des décors Napoléon III en vogue à la fin du XIXe siècle. Le 20 mai 1896, lors d’une représentation de « Faust », le fantôme de l’Opéra détache l’un des contrepoids du lustre, qui tombe sur le fauteuil numéro 13, écrasant de ses 700 kgs une malheureuse spectatrice… ! Heureusement, votre lustre, Pierre, ne pèse pas plus de 7 kg… l’enquête est donc close : je rends la casquette du commissaire de police pour reprendre le marteau de commissaire-priseur !

Ce lustre est un modèle qui s’inspire des créations réalisées sous Louis XIV, époque à laquelle les lustres sont utilisés dans les salles d’apparat. Si au Moyen Âge on utilisait déjà des lustres en bois, il faut attendre le XVIIIe siècle pour que la lustrerie se dote de pampilles de cristal. Jusqu’au XIXe siècle, les lustres étaient suspendus à une chaîne ou une corde. On devait les descendre pour les allumer et les éteindre. En fonction de son niveau social, on disposait sur les bras de lumière des chandelles ou des bougies. Les chandelles, utilisées par la majeure partie de la population, étaient bon marché car produites avec de la graisse animale. Les bougies, fabriquées à partir de cire d’abeille, étaient, elles, réservées à l’élite.

Avec l'apparition de l'électricité à la fin XIXe siècle, on remplace les bougies par des ampoules dont on cache les soquets dans de fausses bougies. Votre lustre s’inscrit dans cette production de la fin du XIXe- XXe siècle : pour ce modèle fabriqué en série, nous pourrions articuler un prix autour de 50 euros. Une somme presque suffisante pour réserver un billet d’avion à destination d’Istanbul afin d’y admirer, au cœur du palais Dolmabahçe situé sur les bords du Bosphore, le plus grand lustre en cristal au monde : offert par la reine Victoria, il pèse 4,5 tonnes de cristal et comporte 750 lampes !
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