Picasso, Dufy et Marquet stars de la vente aux enchères chez Mame
Lundi 28 novembre 2022
La Nouvelle République, Bruno Pille
L’étude Rouillac organisait une vente d’œuvres d’art contemporain et de design ce dimanche 27 novembre 2022, à Tours. Avec quelques maîtres en haut de l’affiche.
La sixième vente « arts + design » de l’étude Rouillac se déroulait sous les sheds d’aluminium de l’une des cathédrales de l’architecture contemporaine en Val de Loire : l’ex-imprimerie Mame. Dès le vendredi 25 novembre, le public a pu découvrir les trésors des collections privées amenées à être dispersées.Et dimanche 27 novembre, trois « Picasso » ont ouvert cette vente aux enchères assez exceptionnelle. Pas de tableaux de Pablo mais d’abord ce pichet en faïence peint en 1949 et intitulé Petite chouette, puis un plat en céramique vernissée, décorée un an plus tôt, qui se fait visage. Les deux objets sont respectivement mis à prix à 1.500 € et 5.000 €, mais ne dépasseront pas les 10.000 € à l’adjudication.
Une gravure annonciatrice de Guernica
Très attendu par les collectionneurs, le lot n° 4 a entretenu le suspense avant de partir à 75.000 €. Il s’agissait d’une planche « aquatinte et pointe sèche » offerte en cadeau de mariage au photographe américain David Douglas Duncan, puis cédée à un habitant de la Côte d’Azur. Le Minotaure aveugle guidé par une fillette dans la nuit étoilée (notre photo) possède des dimensions raisonnables (33,5 cm de haut sur 44 cm de large).Pour comprendre l’intérêt de cette gravure datée de 1934, Aymeric Rouillac en explique les détails : « On peut tracer un parallèle entre la fillette, les traits de sa jeune conquête de l’époque Marie-Thérèse et ceux de Sheila Duncan, dont le photographe américain allait faire la femme de toute une vie alors qu’elle avait quinze ans de moins que lui. Cette planche, à la noirceur lumineuse, est annonciatrice de l’œuvre à venir du maître : Guernica. »
C’est une très belle huile peinte par Raoul Dufy en 1928, Les Marronniers, qui attirait ensuite la convoitise des acheteurs au téléphone. Ce tableau « très géométrique » (39 cm de haut sur 47 cm de largeur) représente le Palais rose, situé au 40, avenue du Bois-de-Boulogne, à Paris, actuellement au 50, avenue Foch. Des promeneurs ne sont qu’un prétexte pour souligner la demeure de l’une des plus riches héritières du 20e siècle, l’américaine Anna Gould. Avec son mari, elle y a reçu jusqu’à 2.000 invités lors d’une réception en l’honneur des souverains espagnols (1904). Le Palais rose fut détruit à l’été 1969. Le commissaire-priseur indique que « l’exploration chromatique (du tableau) représente la synthèse du post-impressionnisme et du cubisme cézannien chers à l’artiste ».
Art nouveau, art déco, après-guerre, époque contemporaine : des centaines d’artistes connus – Miro, Dali, Olivier Debré, Calder, Albert Marquet (1) – ou moins connus, ont accompagné ce dimanche après-midi comme on traverse les époques. Statuettes, mobiliers d’intérieur, luminaires et photographies ont complété l’inventaire des 185 lots proposés, qui ont rapporté 1,1 million d’euros.
La vente se prolongera ce lundi 28 novembre, à 14 h 30, à Mame. Cent peintures et sculptures de Raymond Reynaud (1920-2007), figure tutélaire de l’art singulier, trouveront pour la première fois le chemin des enchères.
(1) Son tableau « Samois, été 1917 » a été acheté 110.000 €.