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Une idole plurimillénaire

Vendredi 17 juin 2022

La Gazette Drouot, Caroline Legrand

Asie Mineure occidentale, période chalcolithique (vers 3300-2500 av. J.-C.), idole... Une idole plurimillénaireAsie Mineure occidentale, période chalcolithique (vers 3300-2500 av. J.-C.), idole de type « Kilia » dite « Contemplatrice d’étoiles », marbre, h. 13,6 cm.
Estimation : 20 000/25 000 €

Vieille de près de cinq millénaires, cette idole de type « Kilia » à la beauté épurée provenant d’Asie Mineure affiche une taille importante pour ce type de création liée certainement à un culte de fertilité.

Bien qu’il lui manque la tête et les pieds, cette idole Kilia, qui fut acquise par son actuel propriétaire lors d’une vente à New York en 1991, devrait attirer bien des regards lors de la seconde journée de ventes au château d’Artigny. Tout d’abord, parce qu’elle est haute de 13,6 cm, alors que les sculptures de ce type affichent le plus souvent moins de 10 cm. Une idole similaire est actuellement présentée dans l’exposition de la collection Al Thani à l’hôtel de la Marine, à Paris. Son catalogue indique que parmi les grandes versions, « une douzaine seulement nous est parvenue. D’une hauteur comprise entre 14 et 24 centimètres environ, elles représentent clairement l’aboutissement d’une longue tradition ». Par ailleurs, notre figure arbore une silhouette à la stylisation extrême, d’une grande modernité. Les idoles de type Kilia sont presque contemporaines de celles des Cyclades (2800-2400 av. J.-C.) ; leurs formes sont toutefois plus généreuses et arrondies. Leurs bras sont pliés et serrés contre le corps, comme pour soutenir la poitrine, dans un geste qui semblerait évoquer un culte de la fertilité et de la fécondité. La première du genre fut découverte dans l’ancienne ville de Kilia, en Turquie, dans le district de Gallipoli sur le rivage européen du détroit des Dardanelles, par un archéologue américain à la fin du XIXe siècle. Elle a été étudiée à l’Institut archéologique d’Athènes. D’autres spécimens ont été mis au jour par la suite dans des îles de la mer Égée. Répandu dans toute l’Anatolie centro-occidentale — le site le plus à l’est où l’on a établi sa présence serait Kirsehir en Cappadoce —, en Troade et peut-être aussi en Thrace, ce modèle a connu en outre une grande longévité, sculpté de la fin du Ve millénaire au IIIe millénaire av. J.-C. On lui donne aussi le nom de « contemplatrice d’étoiles », car son visage à la forme allongée et arrondie semble tourné vers le ciel et ses astres
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