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Un « Ecce Homo » avant Pâques !

Samedi 16 avril 2022 à 07h

En cette semaine sainte, Claude d’Artannes sur Indre nous interroge sur une peinture représentant le Christ, qu’il nous dit être du baroque. Notre commissaire-priseur, Aymeric Rouillac, répond à ses questions.



La toile d’environ 80 par 60 centimètres figure un homme barbu vêtu d’un manteau rouge aux poignets et aux bras liés. Sa tête est coiffée d’une couronne d’épines, son sang coule dans ses cheveux. En ce week-end pascal, il n’est pas difficile de l’identifier : il s’agit de Jésus Christ. L’évangéliste saint Matthieu décrit sa tenue imposée par les soldats romains de Ponce Pilate. « Ils le couvrirent d'un manteau écarlate. Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs! Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête ».

Cette représentation est appelée l’Ecce Homo, ou « Voici l’homme » en latin. Le gouverneur de Rome présente alors Jésus à la foule afin de décider de son sort. On connait la suite : la Passion de Jésus et sa mort ! Depuis jeudi, les chrétiens célèbrent le Triduum Pascal, qui commence le jeudi Saint avec le dernier repas du Christ et de ses amis, suivi de son arrestation. Hier, vendredi Saint, correspondait à la commémoration de son chemin de croix et de sa mort, précédé du fameux « Ecce homo ». Ce samedi est un jour d’attente. La grande fête du Dimanche de Pâques est celle de la résurrection du Christ d’entre les morts… qu’on célèbre sans plus savoir pourquoi en s’offrant des chocolats.

Certains des instruments de la Passion sont représentés sur ce beau tableau, dont la célébrissime Couronne d’Épines. Sauvée de l’incendie de Notre Dame de Paris, elle avait été achetée en 1238 par le Roi saint Louis contre la somme folle de 135 000 livres tournois. Cela correspondait à la moitié du budget annuel du roi. Nombre de mécènes décident alors de faire représenter en peinture les saintes reliques à travers des scènes de la vie du Christ. Notre thème de l’Ecce Homo est souvent traité par beaucoup d’artistes tels : l’italien Le Caravage, le français Philippe de Champaigne ou l’allemand Albrecht Dürer. Mais qui a pu peintre le tableau de Claude ?

L’expert que nous avons interrogé indique que ce tableau serait vraisemblablement réalisé par Jan Cossier, un artiste du mouvement de la peinture baroque flamande vivant au XVIIe siècle. Claude avait bien raison ! Les œuvres majeures de cet artiste sont conservées à Anvers et Malines. À cette époque dans les Pays-Bas du Sud sous domination espagnole, de grands foyers artistiques comme Bruxelles ou Gand voient émerger des artistes de renom tels Rubens, van Dyck ou Jordaens. Leur peinture est vigoureuse, aux couleurs chaudes et aux personnages inscrits dans des obliques. Observez le contraste saisissant entre l’éclairage violent de la chair accompagnée du rouge vermillon de la tunique, et le brun profond des ombres de la silhouette du Christ. C’est saisissant !
Sous réserve d’une expertise approfondie, si cette toile est bien de Cossier, il sera possible de l’évaluer à plus de 10 000 € ! Une œuvre magistrale, magnifiquement réalisée qui donne la clé du secret des œufs de Pâques, célébrant le mystère de la résurrection d’un homme crucifié !
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