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Oiseaux chanteurs pour la dame d'honneur de la Reine

Vendredi 20 mars 2020

extrait de "Adjugé ! La Saga des Rouillac"
par Aymeric Rouillac


Jeune princesse autrichienne, Marie-Antoinette est mariée en 1770 à l’héritier de Louis XV, dans un habile retournement d’alliances. L’archiduchesse n’a que 14 ans quand la comtesse de Noailles, sa nouvelle dame d’honneur, l’accueille en France sur l’île aux Épis, au milieu du Rhin. Issue de la vieille aristocratie, madame de Noailles est rapidement appelée « Madame Éti- quette » par la dauphine, qui la renvoie après son sacre. Les deux femmes partageaient pourtant le même goût des automates. En 1774, l’horloger suisse Pierre Jaquet Droz présente ainsi un automate qui dessine sous les yeux ébahis de la cour le portrait du jeune couple royal, représentant des deux nations les plus puis- santes du continent européen. Enthousiaste, la première dame d’honneur possède une pendule cage aux oiseaux chanteurs de l’horloger (cat. 97). Sus- pendue dans une pièce pour y lire l’heure au revers de son cadran émaillé, la pendule figure un délicat dôme grillagé en bronze doré. Deux oiseaux voltigent de part et d’autre d’une cas- cade de verre filé, dans un agréable pépiement de serinette. L’illusion est parfaite.

On se prend à rêver que l’illusion amoureuse entre le roi et la reine dura aussi longtemps que le saut de la carpe figé pour l’éternité sur une commode en laque du Japon par Levasseur (cat. 99). Symbole de la résolution indomptable qui affronte les plus forts courants et saute les cas- cades, la carpe partage avec le mot amour le symbole japonais Koï. Las... Mal aimée par la famille royale, à commencer par son époux, la reine ne « donne » un héritier à la Couronne que onze années après son arrivée. Les plus tristes rumeurs l’accompagnent quand des maîtres chanteurs la piègent avec « l’Affaire du collier ». Elle est surnommée l’Autrichienne, puis Madame Déficit en raison de son train de vie dispendieux. Marie-Antoinette aime les belles commodes en satiné, comme celle que Riesener lui livre pour son second cabinet intérieur à Compiègne, et dont nous avons retrouvé un modèle (cat. 91). La reine protège aussi une manufacture de por- celaines, tout comme son jeune neveu de 6 ans, le duc d’Angoulême. Fondée par Dihl et Guérhard à Paris, la manufacture de la rue de Bondy produit alors les plus belles pendules en biscuit (cat. 101).

Consciente de son impopularité, Marie-Antoinette organise une vie plus proche de sa famille et de la nature, loin de la cour, au hameau du Petit Trianon dans le parc de Versailles, se faisant portraiturer pour ses intimes en simple tenue d’amazone (cat. 98). Mais le mal est fait.

Extrait de "Adjugé ! la Saga des Rouillac"

320 pages, 450 photos, 39 € aux éditions Monelle Hayot.
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