L'Aisne nouvelle, Marie-Pierre Duval
Vingt minutes. Le rêve des Laonnois n'aura pas duré plus de vingt minutes. Le tableau des frères Le Nain a été adjugé à un collectionneur privé français pour la somme de 2,9 millions d'euros, soit 3,6 millions si on rajoute les frais et la TVA. Alors que deux heures auparavant, la salle du château d'Artigny, à Montbazon (Indre-et-Loire) était noire de monde pour la vente d'une gourde chinoise du XVIIe siècle, le tableau des peintres de Bourguignon sous-Montbavin a surtout fait déplacer les curieux. «Cette fois pas d'acheteurs étrangers», faisait remarquer Philippe Rouillac au moment de lancer la vente. Échaudés par le classement «Trésor national», ils ont laissé les Français faire la vente.
Le maire de Laon assure vouloir suivre révolution de ce tableau 17 h 19, la vente démarre, mise à prix 1 million d'euros, on craint un temps que la vente n'aille pas plus loin, puis 1 million 100, 1 million 200, les enchères montent petit à petit, loin de la folie qui s'était emparée des acheteurs chinois lors de la vente de porcelaine. Le Louvre est sur les rangs, les acheteurs le savent. «Je voudrais remercier le maire de Laon, Éric Delhaye, a précisé en préambule, Aymeric Rouillac. de nous avoir accueilli à l'hôtel de ville. Je dois dire aux potentiels acheteurs que le musée de Laon est prêt à accueillir le tableau, si vous le souhaitez.» 2 millions 100, 2 millions 200, les enchères continuent leur progression calmement. 2,9 millions d'euros, elles n'iront pas plus loin. Le tableau est adjugé à une somme qui se situe dans la fourchette basse de l'estimation. À l'issue de la vente, qu'il a suivie avec beaucoup d'intérêt sur Internet, Éric Delhaye, maire de Laon rappelait qu'il était toujours prêt à accueillir le tableau en prêt ou en don.
«Le tableau a été adjugé en dessous de l'estimation basse de 3 millions d'euros.»
Rappelant la visite des commissaires-priseurs à Laon, il y a dix jours, Éric Delhaye a réagi. «Nous avons réalisé un tour de table avec les entreprises, certaines se sont mobilisées mais nous ne sommes pas arrivés à réunir les trois millions d'euros», regrettait-il. Néanmoins le maire se veut rassurant: «Je vais suivre avec beaucoup d'intérêt l'évolution de ce tableau dans les trente prochains mois. En même temps, je vais poursuivre mes discussions avec le Louvre.»