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Une médaille ... électorale

Samedi 22 avril 2017 à 07h

Cette semaine Brigitte demande à Maître Aymeric Rouillac quelle est l’histoire de cette médaille ?



Alors que ce weekend nous nous rendrons aux urnes pour élire notre prochain président, nous fêtions avant-hier le 20 avril, la naissance du premier président de la République de notre histoire Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), futur Napoléon III.

C’est lui qui est représenté sur cette médaille. Elle fut créée par les graveurs-médailleurs Adolphe-Émile Hamel et Charles Trotin nés au début du XIXe siècle. Elle commémore l’exposition maritime internationale du Havre de 1868. Sur une face on remarque le blason de la ville entouré des noms des pays participants. Sur l’autre face sont représentés de profils et en bustes Napoléon III, couronné de laurier, et le Prince impérial alors âgé de 12 ans. Ce dernier était le président de cette exposition. C’est donc sous son patronage que la médaille a été frappée. Celle-ci semble être en cuivre doré et mesure vraisemblablement 6 cm de diamètre. Cette médaille scindée en deux a été décernée en récompense à « Pelletier Consul Général au Maroc ». Deux pas de vis soudés au revers, nous donnent l’explication quant à la destination, comme la présentation de ce souvenir historique de 1868. Ces deux parties ont été fixées sur une plaque de bois ou de marbre afin de découvrir l’avers et le revers sur un même plan. Une médaille scindée en deux, non pas pour être posée sur un bureau comme généralement mais pour être exposée, accrochée à un mur.
Ces médailles commémoratrices comme celle de Brigitte étaient décernées pour honorer le travail des exposants. Cette pratique atteint son apogée sous le Second Empire et chaque foire, salon ou exposition sera l’occasion de produire ce type de médailles.

Plus qu’une simple commémoration…
Après son Coup d’État du 2 décembre 1851, Napoléon III s’attache à diffuser son portrait dans les foyers français. À cette époque sans radio ni télévision, les artistes ont pour mission de le rendre identifiable par tous, la barbiche et la couronne laurée sont des éléments de cette identification. L’effigie du souverain se diffuse par différents biais comme la peinture, la sculpture, les journaux, les monnaies et les médailles. La médaille était déjà utilisée par les Empereurs romains pour diffuser leur image et celle de leur famille. En se faisant représenter avec son fils, Napoléon III l’associe au trône et inscrit sa famille dans le temps. Tout un programme.
Nôtre médaille est donc plus qu’une récompense, une affiche électorale à elle toute seule, un moyen de propagande politique… comme déjà pour les Nini de notre région. En effet, devenu Empereur, Napoléon III met en place une politique de grands travaux et entreprend de moderniser la France. Les lignes de chemins de fer se développent. Grâce au travail du Baron Haussmann il donne à Paris son visage actuel avec ses grandes avenues, ses beaux immeubles et son célèbre Opéra dessiné par Charles Garnier. Les industries se développent, encouragées par des expositions qui mettent en compétitions les différents pays du monde, comme les célèbres Expositions Universelles.

Distribuées en maints exemplaires, sa valeur est donc plus historique qu’artistique. Les graveurs sont peu célèbres, le grand médailleur de l’époque étant Jean-Auguste Barre. Elle peut se négocier autour d’une centaine d’euros. Le prix d’un souvenir d’un autre type de campagne électorale.
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