ARTS+DESIGN #6
Lot 11
Raoul Dufy (Français, 1877-1953)
"Les Maronniers", 1928
Huile sur toile titrée et datée sur une étiquette d'exposition au dos. Signée en bas à gauche.
Étiquettes d'expositions sur le châssis au dos : "N11 - Collection de Mr R. Dufy Les Maronniers", étiquette de l'emballeur parisien Charles Pottier : "26 Kunsthalle Bâle 1938 R Dufy 2.5.38". Différents numéros, dont : "37" à la peinture, "18" à l'encre, "1280-0192" sur une plaque noire, "BA01009" sur une étiquette, Mention "Zacks" à la craie blanche, cachet des douanes.
Haut. 39 Larg. 47 cm.
(rentoilée, légère reprise sur la bordure)
Provenance :
- collection Raoul Dufy, 1938
- collection M. et Mme Samuel Zachs, Toronto
- galerie Pierre Matisse, New York, 1956
- collection particulière
- vente, Christie's, New York, 13 novembre 2021, n°784.
Certificat de Madame Fanny Guillon-Laffaille, membre du Syndicat Français des Experts Professionnels en uvre d'Art et Objets de collection.
Exposition :
- Basel, Öffentliche Kunstsammlung, Vlaminck, R. Dufy, Rouault, du 14 mai-12 juin 1938.
- San Francisco Museum of Modern Art and Los Angeles County Museum, Raoul Dufy, mai-septembre 1954, p. 39, no. 35.
Bibliographie :
- Pierre Courthion, "Raoul Dufy", Genève, Pierre Cailler, 1951, oeuvre reproduite en couleurs p. 80.
- Raymond Cogniat, "Raoul Dufy", New-York, Crown publisher, 1962, oeuvre reproduite sur le premier plat.
- Maurice Laffaille, "Catalogue Raisonné de l'uvre Peint de Raoul Dufy" tome III, édition Motte, Genève, 1972-1977, uvre titrée "L'avenue du bois" et reproduite sous le n°967, p. 37.
Le "Palais rose", situé au 40 avenue du Bois de Boulogne à Paris - actuel n°50 de l'avenue Foch - que l'on distingue à l'arrière plan d'une puissante composition géométrisante, est le véritable sujet de notre toile. Les promeneurs et autres lecteurs ne sont qu'un prétexte à rendre hommage à la demeure de l'une des plus riches héritières du début du XXe siècle : l'américaine Anna Gould (1875-1961). Six années lui sont nécessaires, avec son premier époux le comte Boniface de Castellane, pour édifier le Palais Rose, inspiré par celui du Trianon. Inauguré en 1902, le couple y reçoit jusqu'à 2.000 invités lors de la réception donnée en l'honneur des souverains espagnols trois ans plus tard. Seul le faste des fêtes du baron Alexis de Redé, à l'hôtel Lambert, rivalise avec celui du Palais Rose.
Remariée en 1908 au duc de Talleyrand, Anna Gould devient princesse de Sagan et le Palais Rose connait alors une vie plus calme, jusqu'au départ de sa propriétaire à la veille du second conflit mondial. Jugé "sans valeur archéologique", il est détruit à l'été 1969, donnant à notre toile de Dufy, peinte quarante-et-un an plus tôt, le statut d'ultime relique de l'un des plus brillants témoignages du Paris de la Belle Époque. Sa reproduction, dès 1962, en couverture d'une des premières monographies posthumes consacrées à l'artiste, atteste de son importance dans l'uvre de Dufy. Le geste créateur s'y livre en effet en toute transparence, avec un trait de dessin extrêmement libre et dissocié de la couleur, laquelle est apposée par "flaques juxtaposées". Cette exploration chromatique représente la synthèse du post-impressionisme et du cubisme cézannien chers à l'artiste, dont on retrouve même l'empreinte digitale sur notre toile, comme pour mieux appréhender la peinture dans toute sa profondeur.
Adjugé : 74 000 €