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29ème VENTE GARDEN PARTY - I

 
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Lot 171

Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...
Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes...

Auguste RODIN (Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Minotaure, version aux cornes courtes, vers 1885.

Plâtre patiné, vers 1886.
Signé et dédicacé (sur la base à droite) : "A Ben(jamin) Constant / Rodin".

Haut. 33,3, Larg. 21,8, Prof. 28,6 cm.
(restauration et restitution de la queue).

Provenance :
- Jean-Joseph Constant, dit Benjamin Constant, Paris (acquis de l'artiste)
- Collection Welles Bostworth, Vaucresson, Hauts-de-Seine (vers 1925-1930)
- Par descendance, collection particulière, Espagne.

Cette œuvre fait l'objet d'un avis d'inclusion dans les archives du Comité Rodin en vue de la publication du Catalogue Critique de l'œuvre sculpté d'Auguste Rodin en préparation à la galerie Brame & Lorenceau sous la direction de Jérôme Le Blay sous le numéro 2011-3421B.

Littérature en rapport :
Antoinette Le Normand Romain, Rodin et le bronze, catalogue des œuvres conservées au musée Rodin, Éditions de la Réunion des musées nationaux / Musée Rodin, 2007, t. 2, pp. 523-525.

Exposition :
Rodin en Touraine, Azay-le-Rideau, château de l'Islette, 1er juillet - 31 août 2013.


Auguste RODIN. Faun and Nymph, circa 1886. Patinated plaster signed and dedicated : "A Ben(jamin)
Constant / Rodin".

Une lettre conservée dans les archives du musée Rodin permet de préciser la date de réalisation de ce plâtre. Datée du 18 août 1886, elle est signée du peintre orientaliste Jean-Joseph Benjamin Constant (1845-1902), et adressée au Maître. Elle témoigne d’une relation cordiale entre les deux hommes, et surtout du don que Rodin a prodigué au peintre. Il y exprime ses remerciements et son enthousiasme pour cet «étonnant petit groupe. Quelle hardiesse d’arrangement, quelle envieuse trouvaille !».

Cette œuvre met en scène un satyre et une nymphe, groupe mythologique omniprésent dans la sculpture française de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, que Rodin connaît remarquablement bien. Afin de proposer sa vision de ce sujet, Rodin, comme les artistes des générations antérieures, puise dans les ouvrages d’Ovide, et en particulier dans les Métamorphoses. En 1899, le groupe se voit attribuer pour la première fois l’appellation de Minotaure, alors que sa figure ne ressemble pas au monstre crétois affublé d’une tête de taureau. Pourtant, son groupe évoque la violence et la sensualité attachées à cette figure effrayante de la mythologie, et c’est bien l’appellation qui va prédominer par la suite pour cette œuvre de Rodin.

La violence habite la lutte entre le satyre qui retient fermement la nymphe, celle-ci tente de se soustraire à son emprise laissant libre cours à son effroi et à sa colère. Quant à la sensualité, si elle provient du modelé des personnages, elle est à l’origine du succès de l’œuvre, l’une des créations de Rodin les plus appréciées de ses contemporains.

Le Minotaure suscite de nombreux commentaires des critiques : il est décrit par Jules Renard à la date du 8 mars 1891 dans son Journal ; par Gustave Geffroy en 1918 dans la préface du catalogue de l’exposition Monet-Rodin, où pourtant il ne figure pas. Ou encore dans un article sur Rodin écrit par Thaddée Natanson et publié en 1946 : il y présente ce «Faune, terrible, arc-bouté, saisissant une nymphe dont l’on a toujours vu le plâtre se patiner de poussière chez les meilleurs amis de Rodin. C’était, plutôt qu’un objet offert aux amateurs, comme une sorte de confidence à des intimes».
Selon Antoinette Lenormand-Romain, parmi la demi-douzaine de plâtres dédicacés connus de ce modèle, « le plus prestigieux est sans doute celui qui se trouve aujourd’hui à Philadelphie : ce serait la «première» épreuve selon Lawton (1906), et elle fut donnée par Rodin à Edmond de Goncourt vers 1885-1886 sans doute, puis rachetée par Robert de Montesquiou…».

Tout aussi prestigieuse est l’origine du plâtre présenté ici : après avoir quitté son premier collectionneur, il est acquis au milieu des années 1920 à Paris par William Welles Bosworth, aïeul de l’actuel propriétaire. William Welles Bosworth, architecte des Rockfeller, a conseillé le couple dans de nombreuses acquisitions d’œuvres d’art, et les a guidé dans la construction du Cloister Museum de New York. Installé dès son acquisition dans la propriété nommée «Marietta», située à Saint-Cloud du côté de Garches, Le Minotaure y est resté jusque dans les années 1970.

Remarques techniques :
Étant donné le réseau de coutures lisibles à sa surface, ce plâtre a été réalisé à partir d’un moule à bon creux.
La queue a été restituée, c’est-à-dire refaite complètement avec pour modèle un autre exemplaire de l’œuvre.
Enfin, cette épreuve en plâtre a été gomme laquée et moulée.
Pour les possibilités d’édition de ce plâtre, voir les recommandations données par le Comité Rodin dans l’avis d’inclusion au catalogue raisonné qui accompagne l’œuvre.

RODIN et CLAUDEL en TOURAINE

Rodin réalise cette sculpture en 1886, trois ans après sa rencontre avec Camille Claudel, devenue rapidement collaboratrice, muse et maîtresse de l'artiste. Sur un rocher, le minotaure, reconnaissable à ses cornes et ses sabots, enserre dans ses bras une jeune femme nue. Le corps crispé et le visage froissé de cette dernière expriment parfaitement la répugnance qu'elle éprouve face à l'emprise que le monstre exerce sur elle. La posture des deux personnages révèle ainsi une tension érotique certaine tout en faisant allusion au mythe du Minotaure, prisonnier du labyrinthe de Dédale, qui se voit offrir, tous les neuf ans, quatorze adolescents en sacrifice (épisode mythologique rapporté par Ovide dans ses Métamorphoses).

La carrure de la bête ainsi que la puissance du modelé de son dos rapprochent le sculpteur français de l'italien Michel-Ange et de ses ignudi que le maître a peint sur les murs de la Chapelle Sixtine. Avant de mourir, Auguste Rodin laisse à ses élèves, et ceux qui lui succèdent, un Testament dans lequel il déclare : "inclinez-vous devant Phidias et devant Michel-Ange". Pour l'artiste, l'antique n'est pas seulement une source d'inspiration mais un chemin que tout artiste se doit d'emprunter afin de réussir à saisir le vrai de la nature. Rodin se confronte à l'Antiquité tout au long de sa carrière en parcourant les galeries du Louvre, carnet en main, pour y copier les œuvres des anciens, ou en collectionnant des antiques dans sa Villa des Brillants.

"A BEN CONSTANT / RODIN". Cette inscription qui figure sur la terrasse témoigne du don par Rodin de cette œuvre à son ami, le graveur et peintre français Benjamin Constant (1845-1902). Ce présent répond vraisemblablement à la critique de Constant qui paraît dans Le Figaro, concernant l'une des œuvres les plus fameuses de Rodin, réalisée en 1882 et exposée au Salon en 1887 : " Le Baiser ! Quelle merveilleuse œuvre d'art ! Jamais un marbre n'avait renfermé une si grande source de vie. Jamais le baiser de deux personnes n'avait été aussi beau, d'une si grande caresse sculpturale. C'est l'expression secrète du cœur de l'artiste. Un véritable chef- d'œuvre ! ".

La violence de l'enlacement que Rodin choisit de montrer avec ce groupe peut s'appréhender comme la représentation métaphorique de sa relation passionnelle avec Camille Claudel.

Cette œuvre a été étudiée avec Emeline Bagnarosa, Harmonie Dufraisse, Claire Moura et Cyndie Riou-Tuillier étudiantes en 2013 du Master d'Histoire de l'Art de l'Université François Rabelais de Tours.

Estimation : 80 000 € ~ 120 000 €

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