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ORANGERIE DE CHEVERNY POUR LA 20ème ANNÉE - FONDS ROCHAMBEAU

 
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Lot 208

C'est parce que je suis accoutumé aux colonies des Antilles...
C'est parce que je suis accoutumé aux colonies des Antilles...

C'est parce que je suis accoutumé aux colonies des Antilles et que je les ai examiné avec attention que je ne crains pas d'affirmer au gouvernement que St Domingue ne pourra être rétabli qu'au moment où l'on en expulsera les hommes de couleur, pour n'y laisser que les deux castes mères : les blancs et les africains. La chose ne me paraît pas difficile à entreprendre et à exécuter. Vous devez considérer la colonie de St Domingue comme à son agonie, puisque son existence future dépendra de la vigueur des mesures qui seront prises dans le moment présent. La partie française est la propriété de quatre corps d'armée et de quatre individus : Rigaud, Villatte, Toussaint Louverture et Laveaux. Les deux premiers administrent pour leur compte sans l'embarras de la chose publique. Les deux derniers hommes intègres sont les premiers à donner l'exemple de toutes les privations et versent la totalité des produits de la denrée coloniale de leur arrondissement dans la caisse de la République. Mais une singularité qui frappe l'observateur st de voir les non propriétaires exploiter ici les biens territoriaux des propriétaires légitimes qui sont en France, qui présentement sur cette terre de liberté ne peuvent obtenir la permission de retourner dans leur pays natal pour travailler eux-mêmes les champs qu'ils avaient défriché. (…) Les Anglais ont à la Jamaïque une forte escadre commandée par l'amiral Porther. Elle est de 9 vaisseaux de guerre sans compter les bâtiments légers. Et notre flottille reste tranquillement dans la rade au lieu de croiser sur la Havane ou Porto Rico (…)
Au Cap 30 floréal, au général Laveaux. Les corps français réunis à St Domingue ont deux choses principales à entreprendre contre l'Angleterre. Chasser premièrement les troupes anglaises qui se sont emparées des deux quartiers de la colonie, les attaquer ensuite sur leur propre territoire à la Jamaïque. Mais pour que ces opérations soient couronnées du succès, il faut étonner l'ennemi par l'audace, la promptitude et la simultanéité des attaques. (…) Il ne s'agit pas d'ajouter de nouvelles conquêtes aux vastes domaines de la République, mais de ruiner pour longtemps jusque dans ses sources primordiales le commerce anglais des Indes occidentales et de ravager par conséquent la plus importante de leurs possessions dans cette partie du monde en détruisant de fond en comble son agriculture et ses manufactures…
Au Cap 29 juin 1796, au Ministre de la Marine. Je croyais en arrivant ici que j'allais y trouver les lois de la liberté et de l'égalité établies d'une manière positive mais je me suis furieusement trompé. Il n'y a de liberté sur cette terre que pour les hommes de couleur qui disposent du reste de leurs semblables comme des bêtes de somme. Les pauvres blancs sont vexés et humiliés partout et cependant les capitaux de ces mornes blancs serviront un jour à féconder de nouveau cette terre à l'aide de leur industrie. Il sera difficile je crois de rétablir l'ordre parmi tous les dilapidateurs parce que disposant des africains, ils les pousseront à la révolte quad on voudra diminuer leur crédit et leur influence. Je ne crains pas même de vous prédire qu'après avoir donné la liberté aux noirs, après les avoir armés, on sera peut-être obligé de leur faire la guerre un jour pour les rendre à la culture. J'ai parcouru, j'ai visité avec attention la totalité de la partie du Nord et une partie de celle de l'Ouest et partout j'y ai vu les symptômes du même mal ou le mal dans toute sa force ou la laideur. Depuis la secousse du 30 ventôse dernier, tout a repris l'aspect militaire. Bien peu de cultivateurs se rendent à leurs travaux quoique cependant ils dussent y être excités par le mobile de leurs intérêts (ils ont un quart des produits).

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