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ORANGERIE DE CHEVERNY POUR LA 20ème ANNÉE - BEL AMEUBLEMENT

 
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Lot 173

GUÉRIDON en placage de loupe d'orme reposant sur trois colonnes...
GUÉRIDON en placage de loupe d'orme reposant sur trois colonnes...

GUÉRIDON en placage de loupe d'orme reposant sur trois colonnes à embases, réunies par une entretoise évidée, et terminées par des roulettes. Ornementation de bronze doré et ciselé tel que feuilles de lotus et frise de laurier.
Le plateau circulaire est richement peint d'un décor émaillé polychrome - sur plaque d'ardoise - où se mêlent l'inspiration pompéienne et l'influence de la Renaissance. Un premier registre rend hommage à la peinture de l'Antiquité : sur un fond noir, une frise représente deux jeunes femmes ailées offrant une libation. Dans un camaïeu de bleu et rose, deux griffons assis se font face de part et d'autre d'une fleur dont les feuilles se terminent par des enroulements d'arabesques et de rinceaux fleuris. Au centre, dans un médaillon de forme ronde, deux putti tirent le char d'une déesse à l'imitation des triomphes antiques tandis que Mars, Athéna, Aphrodite et Hermès annoncent et couronnent sa victoire.

Restauration.

Haut. 75, Diam. 61,5 cm.

Provenance : grande demeure de la vallée de la Loire.

Sous la Restauration, les guéridons sont à la mode. Mises au goût du jour par l'administrateur de la Manufacture de Sèvres, Alexandre Brongniart, dont il arrête lui-même les principes généraux dans un mémoire destiné au Garde Meuble de la Couronne en 1823, ces petites tables rondes font l'objet de nombreux projets de décor. Si la peinture sur porcelaine connaît, avec Jean-Charles Develly et Moïse Jacobber, son heure de gloire, les recherches sur d'autres supports comme l'ardoise, la lave volcanique ou la pierre mobilisent tout autant les peintres que les savants. C'est ainsi que pour l'Exposition des Produits de l'Industrie de 1834, l'architecte Jacques-Ignace Hittorff présente un panneau émaillé sur lave volcanique dont la critique loue aussi bien la perfection matérielle que la richesse des couleurs. Malgré le soutien actif du comte Chabrol de Volvic, préfet de la Seine sous Louis XVIII, ces recherches n'aboutiront pas, faute de moyens et de véritable intérêt commercial.
La peinture sur ardoise demeura, elle aussi, toujours marginale.

Remontant probablement vers 1830 ou peut-être avant, ce guéridon témoigne d'une réelle maîtrise stylistique. Si l'inspiration est d'évidence italienne, renvoyant au décor dit à raffaellesche, elle s'inscrit dans la tradition de la peinture décorative de la fin du règne de Louis XVI. En effet, le répertoire ornemental reprend les mêmes arabesques et les mêmes références à l'Antiquité que dans les hôtels particuliers de la fin du XVIIIème siècle. On pense au boudoir de l'hôtel d'Aumont, mais plus certainement au salon de l'hôtel Hosten, créé en 1793 par Claude-Nicolas Ledoux et Rousseau de la Rottière, dont les panneaux peints de grotesques sont aujourd'hui conservés dans les collections du J. Paul Getty Museum. Sur l'un des panneaux supérieurs des portes, la composition s'organise symétriquement : une vasque fleurie, un sarcophage sculpté d'une frise et deux cariatides ailées dont le corps se termine en enroulements de feuillages. Ce guéridon reprend cette forme très architecturée en substituant, aux femmes ailées, des griffons. Il pourrait avoir été exécuté par un artiste parisien qui, très certainement, a travaillé dans le domaine du grand décor intérieur.
Mais l'attribution à un peintre attaché à la Manufacture de Sèvres n'est pas exclue non plus.

Adjugé : 12 500 €

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