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[ ROCHAMBEAU, Jean-Baptiste Donatien, de Vimeur comte de ]. États-Unis – Plan relevé des fortifications anglaises dans les environs de New-York, 1781.


Rouillac | Plan New York 1781

Attribué à Jean-Nicolas DESANDROUINS (1729-1792).
« Morisania, une partie de l’isle de New-York, de Long-Island, de l’isle de Montrésor et de celle de Buchanan. » [ juillet 1781 ].

Plan manuscrit, dessiné à la plume et à l’encre, avec rehauts aquarellé, sur un fin papier ocre filigrané, non daté et non signé en 3 sections montées sur toile et pliées.
 
Au dos, inscriptions à l’encre : « Ouvrages et redoutes –Morisania (continent), îles de New-York, Montrésor et Buchanan – Juillet 1781 –double »
Figurant les relevés des fortifications anglaises réalisés par les ingénieurs français et américains en amont de la ville deNew-York, autour des bras de mer de l’East River et de Harlem River, Hell Gateet ses alentours, et au nord-ouest près de King’s Bridge. Y sont représentés avec précision les forts, ouvrages, redoutes, blockhouses, batteries et autres fortifications britanniques, ainsi que les reliefs du terrain et chemins. L’échelle est fournie en toises. Légendes en français.

Haut. 33,5 Larg. 24 cm.

Traces de plis, froissures et petits manques.

CERTIFICAT DE SORTIE DU TERRITOIRE FRANÇAIS

Provenance :

  • Jean-Baptiste de Vimeur, comte de Rochambeau (1725-1807).
  • Par descendance, dans la même famille.

Autre version connue :

  • Library of Congres, Washington : un relevé intitulé « Reconnoissance, juillet 1781 » est conservé dans la collection Rochambeau (gm71000994)

La reconnaissance à Morisania relatée par Berthier


Ces plans militaires ont été réalisés au cours de la reconnaissance conçue conjointement par les généraux Washington et Rochambeau pour lever à vue les fortifications britanniques qui protègent la ville de New-York. L’armée combinée franco-américaine se lança à l’offensive à la mi-juillet, tel le relate Louis-Alexandre Berthier, dans son journal conservé par la bibliothèque de l’université de Princeton [Expédition de Morisania - 1781] :

« le 16 juillet, le général Washington et le comte de Rochambeau firent une reconnaissance par les Jerseys où ils virent tous les ouvrages sur York Island, (…) un détachement de 8000 hommes dont 2500 français aux ordres du général de Chastelux marcha sur Kingsbridge où les deux corps se déployèrent à la pointe du jour dans une position respectable par laquelle on a resté quarante huit heures. Pendant ce temps là la légion de Lauzun et des bataillons de grenadiers et chasseurs américains et français poussèrent à droite et à gauche de la rivière du Nord jusqu’au Sound au point de Morisania et de Frog’s point. On replia tous les postes que l’ennemi avait sur le continent. On prit une vingtaine d’hommes et de chevaux qui facilita à nos généraux les reconnaissances qu’ils firent avec nos ingénieurs respectifs. En arrivant à Morisania, le général Washington aperçut une vingtaine de réfugiés armés et poussa huit dragons qu’il avait avec lui. MM. De Vauban, de Damas, Berthier, Closen et de Lauberdière aides de camp de M. le comte de Rochambeau se joignirent aux dragons et tuèrent ou prirent tout ce qu’ils trouvèrent. Le comte de Damas eut son cheval tué sous lui d’un coup de canon tiré de la batterie de l’autre côté de la rivière (…) Le 19 juillet le général Washington et le comte de Rochambeau firent une reconnaissance par les Jerseys d’où ils virent tous les ouvrages des ennemis sur York-Island, ils distinguèrent cinq ou six petits camps qui les soutiennent, faisant face à la rivière du nord, et dont le plus fort était de deux bataillons.

Le 21 juillet à 8 heures du soir un détachement de 5 000 hommes dont 2500 français, aux ordres du chevalier de Chastellux maréchal de camp, marcha sur KingsBridge ; ce détachement sorti du camp sur 3 colonnes (…) Cette marche qui se fit toute la nuit par des chemins affreux, la colonne étant arrêtée à chaque instant par des pièces embourbées ou renversées ; la nuit était très noire (…) J’arrivai sur les hauteurs de KingsBridge au petit jour où le détachement avait pris une position respectable. Les généraux Washington et Rochambeau avec leurs ingénieurs respectifs, leurs aides de camp et moi, firent la reconnaissance de tous les ouvrages des Anglais depuis KingsBridge, le long de la rivière d’Harlem et Morisania…
 »

Thomas Balch, dans sa publication de 1872 « Les Français en Amérique pendant la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis », précise également que « Le 23, on remonta à cheval à cinq heures du matin pour continuer ce travail. On reconnut d’abord la partie de Long-Island qui est séparée du continent par le Sound ; on retourna à Morisania revoir une partie de l’île d’York qui n’avait point été suffisamment examinée la veille ; puis les généraux revinrent vers leurs troupes : « Nous fîmes, dit Rochambeau, ensuite les reconnaissances les plus détaillées de tous les ouvrages de New York et des îles adjacentes : nous les fîmes lever à vue par nos ingénieurs respectifs. Cette reconnaissance fut soutenue par un détachement de 5000 hommes (…) pendant que nos ingénieurs faisaient cette opération géométrique (…) Nous fîmes dans cette reconnaissance, l’épreuve de la méthode américaine pour faire passer à la nage les rivières aux chevaux en les rassemblant en troupeau à l’instar des chevaux sauvages. Nous avions passé dans une île qui était séparée de l’ennemi, posté à Long-Island, par un bras de mer dont le général Washington voulut faire mesurer la largeur.

Pendant que nos ingénieurs faisaient cette opération géométrique, nous nous endormîmes, excédés de fatigue, au pied d’une haie, sous le feu du canon des vaisseaux de l’ennemi, qui voulait troubler ce travail. Réveillé le premier, j’appelai le général Washington et lui fis remarquer que nous avions oublié l’heure de la marée. Nous revînmes vite à la chaussée du moulin sur laquelle nous avions traversé ce petit bras de mer qui nous séparait du continent ; elle était couverte d’eau. On nous amena deux petits bateaux dans lesquels nous nous embarquâmes avec les selles et les équipages des chevaux ; puis on renvoya deux dragons américains qui tiraient par la bride deux chevaux bons nageurs ; ceux-ci furent suivis de tous les autres excités par les coups de fouet de quelques dragons restés sur l’autre bord et à qui nous renvoyâmes les bateaux. Cette manœuvre dura moins d’une heure ; mais heureusement notre embarras fut ignoré de l’ennemi. »

L’armée rentra dans son camp à Philipsburg le 23, à onze heures du soir.


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